Page:Mendès - La Légende du Parnasse contemporain, 1884.djvu/36

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bien ordonnée commence par les autres. Quiconque a été uniquement préoccupé de soi ne peut pas se survivre toujours dans la reconnaissance ou l’admiration du prochain ; ce qui n’était qu’un homme est menacé de disparaître avec cet homme.

Comme Lamartine, comme Alfred de Musset, Victor Hugo, certes, est lui-même. Mais il est en même temps tous les autres ; il est un homme en qui vit l’homme. Son génie, si prodigieusement magnifique et puissant qu’il se dresse incomparable dans l’histoire des lettres françaises, s’agrandit encore de l’universalité de son âme. De là cette influence toujours continuée sur les esprits environnants. Il est normal qu’il soit le maître de son siècle, étant ce siècle lui-même. Et sa gloire ne sera pas bornée par les ans, parce que la merveilleuse exubérance de son imagination accepte les justes règles qui sont une gêne pour les faibles, une aide pour les forts. Ce magnanime prophète consent à être un artiste parfait.

Donc, nous le répétons, toute poésie vient de lui, se meut en lui, retourne à lui. Il tient ce siècle ainsi que les empereurs des peintures portent le globe universel.