Page:Mendès - Le Procès des roses, 1897.djvu/16

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blique a rejeté votre pourvoi… » Il tire de petits ciseaux de sa poche. Il fait la toilette, en leur coupant le vert autour de la corolle… puis il met la guillotine sur le banc, et devant la guillotine un petit panier… il fait s’avancer la rose blanche… il hésite… ah ! la pauvre petite… mais une épine le pique… il lui coupe le cou… la tête de la fleur tombe dans le panier… Même jeu pour les deux autres roses… les trois têtes sont dans le panier. Alors il le saisit, plein d’une fureur satisfaite… il simule le bruit de la voiture qui emporte les corps… il tourne deux fois, au galop… il s’arrête près d’un tertre, s’agenouille, tire un navet de terre (le champ des navets !), les enterre, piétine dessus dans une rage furieuse, et s’en va… vengé… Mais quelque chose le rattire… il les aime toujours celles qui l’ont trahi, celles qu’il a tuées… hésitation… il revient… il les déterre… il les serre contre lui, les baise…