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LES COMPLICES DE VERSAILLES.

interruption. Je puis affirmer (et j’ai les meilleures raisons pour me croire bien informé) qu’il a ajouté :

— D’ailleurs, elle est trop vieille, celle-là ! il y a dix-huit cents ans que vous nous la faites !

Ceci, on en conviendra, n’était pas moins spirituel qu’élégant, et c’est bien ainsi que devait s’exprimer l’aimable délégué qui, l’autre jour, ayant autorisé, dans un moment de clémence peut-être exagéré, un abbé à visiter un prisonnier à la Conciergerie, lui donna un laisser-passer ainsi conçu : « Laissez-passer le nommé X., se disant serviteur d’un nommé Dieu. » Ah ! que de grâce et quel esprit !

XXX.

Diantre ! je ne suis pas sans éprouver quelque inquiétude. Le nouveau décret de la Commune met sérieusement en danger les gens qui ont le malheur de ne pas vivre avec leurs concierges sur le pied de la plus amicale affection, ou qui ont eu des mots avec le commissionnaire du coin. Copions l’article 1er de ce farouche décret :

« Toute personne prévenue de complicité avec le gouvernement de Versailles sera immédiatement décrétée d’accusation et incarcérée. »

Peste ! nous n’y allons pas de main morte ! Il est clair que le premier scélérat venu — à qui, il y a sept ans, j’aurais refusé de prêter cent sous — peut aller rendre visite au citoyen Rigault et lui affirmer que j’ai des relations suivies avec le gouvernement de Versailles ; immé-