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FUNÉRAILLES.

occupée maintenant par les fédérés. On ne triomphe jamais, on se bat toujours. Quoi ! ne s’élèvera-t-il pas enfin une voix pour crier : « Assez ! assez de sang et de larmes ! assez de Français tués par des Français, de républicains tués par des républicains ! » Que de gens tombent de part et d’autre avec le même cri sur les lèvres ! Oh ! quand donc cessera ce malentendu sinistre !

XXXV.

Trente tambours voilés, trente clairons pavoises de deuil marchent à la tête de l’immense cortège ; les tambours, par instants, font entendre un roulement lugubre, qui se prolonge et meurt ; le cri clair du clairon est navrant.

Des détachements, très-nombreux, de tous les bataillons viennent ensuite ; on marche avec lenteur, les fusils vers la terre ; il y a des immortelles à toutes les boutonnières, les immortelles sont rouges. Est-ce une manifestation d’un sentiment politique ? Est-ce un symbole de la mort sanglante ?

Puis s’avance, traîné par quatre chevaux noirs, un vaste char, drapé de noir, recouvert en catafalque de velours noir lamé d’étoiles d’argent ; aux quatre coins flottent au vent les sombres drapeaux rouges.

Un autre char paraît, un autre, un autre encore ; dans chacune des voitures mortuaires, il y a trente-deux cadavres.

Derrière les chars marchent des membres de la Com-