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CE QUE LA PRUDENCE CONSEILLE.

L’a-t-on pendu, fusillé, noyé ? J’espère que non. Quoi qu’il en soit, vous ferez sagement d’éviter une aventure analogue, et, quelles que soient vos inquiétudes à l’égard de votre famille ou de vos affaires, je vous engage à les dissimuler soigneusement. " Faites mieux : affectez un air des plus souriants. Supposons que vous rencontriez un de vos meilleurs camarades.

— Ah ! mon cher ami, vous dit-il, vous devez être bien inquiet ?

— Inquiet, moi ? Pas du tout. Je ne me suis jamais trouvé au contraire dans une disposition d’esprit plus paisible

— Je croyais que votre tante était malade ? Et comme, en ce moment, vous ne recevez pas de lettre…

— Je ne reçois pas de lettres ! Qui vous a conté cela, bon Dieu ! J’en reçois plus que jamais, plus que je n’en veux. Pas de lettres, quelle idée !

— Il faut que vous soyez bien favorisé, car, enfin, depuis que le citoyen Theiz s’est installé à l’hôtel des Postes, les communications sont interrompues.

— Mais pas du tout, pas du tout ! C’est un bruit que les réactionnaires font courir. Oh ! ces réactionnaires ! N’ont-ils pas été jusqu’à imaginer que la Commune a emprisonné des prêtres, arrêté des journalistes, et supprimé des journaux ?

— Vous avez beau dire, une proclamation du citoyen Theiz lui-même annonce que les communications avec les départements ne seront pas rétablies avant plusieurs jours.

— Pure modestie de sa part ! Il lui a suffi d’appa-