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LES BALLONS APÔTRES.

« Une multitude déchaînée, armée, ivre de vengeance et de fureur ;

« Des piques, des soldats, des salons nus, des couperets et des marteaux ;

« La cité morne et silencieuse ; la police au foyer de famille, les opinions suspectées, les paroles écoutées, les larmes observées, les soupirs comptés, le silence épié, l’espionnage et les dénonciations ;

« Les réquisitions inexorables, les emprunts forcés et progressifs, le papier-monnaie déprécié ;

« La guerre civile et l’étranger sur les frontières ;

« Les proconsulats impitoyables, un comité suprême, au cœur d’airain.

« Et voilà le fruit de la révolution dite démocratique et sociale. »

Qui a écrit cette admirable page ? Proudhon.

Prenez pitié de la France, juste Dieu ! car voilà où nous en sommes.

LXVII.

Un ballon ! vite, un ballon ! il n’y a pas une minute à perdre. Les habitants de Brive-la-Gaillarde et les montagnards de la Savoie sont affamés de vérité ; versons sur eux la manne salutaire. Rédige, Pierre Denis ! Gonflez, émules de Godard ! et que les quatre vents du ciel emportent nos « Déclarations » aux quatre coins de la France ! Ah ! ah ! les Versaillais — tas de traîtres ! — ne s’attendaient pas à ceci. Ils réunissent des soldats, les im-