Page:Mendès - Les 73 journées de la Commune, 1871.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

235
LE PREMIER-PARIS.

nous coûtent chaque jour serait si utile aux femmes et aux enfants de ceux qui combattent pour le salut de Paris ? On nous affirme que l’ex-archevêque de Paris a mangé hier un demi-poulet à son repas du soir ; que de bons patriotes auraient été sauvés de la misère par la somme dont cette orgie a dépouillé la caisse de la République ! Il n’est plus temps d’hésiter : les Versaillais fusillent et mutilent nos prisonniers, vengeons-nous ! Il faut faire un tel exemple, qu’en apercevant de loin sur nos remparts les têtes de leurs ignobles complices, les traîtres de Versailles, confondus par la magnanimité de la Commune, déposent enfin les armes et se rendent à discrétion.

« Quant aux réfractaires parisiens, nous n’avons pas de mots pour exprimer l’étonnement que nous inspire la faiblesse avec laquelle on se conduit à leur égard.

« Quoi ! nous souffrons qu’il y ait encore des lâches à Paris ? Je pensais qu’ils étaient tous à Versailles. Nous souffrons qu’il y ait parmi nous des gens qui ne sont pas de notre avis ?

« Cet état de choses a trop longtemps duré. Qu’ils prennent leur fusil ou qu’ils meurent. Fusillez ceux qui ne voudront pas marcher. Ils ont des femmes, des enfants, ils sont pères de famille, disent-ils ; la belle raison ! La Commune avant tout ! Et d’ailleurs, il ne faut avoir aucune pitié pour les femmes des réactionnaires et pour les enfants des mouchards ! »

Les bulletins du jour sont quelquefois conçus en termes moins doux, mais nous avons choisi une moyenne honorable entre les journalistes tièdes et les journalistes exagérés.