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RÉUNION DES AMIS DE L’ORDRE.

rue Richelieu, grossissant toujours. Place de la Bourse, un capitaine de la garde nationale, à la tête de sa compagnie, voulut nous arrêter. Nous passâmes outre ; la compagnie présenta les armes à notre drapeau, et les tambours battirent aux champs. Après avoir parcouru, de plus en plus nombreux, les rues qui avoisinent la Bourse, nous revînmes sur les boulevards, où éclata autour de nous le plus vif enthousiasme. Devant la rue Drefuot on fit halte ; la mairie du IXe arrondissement était occupée par un bataillon affilié au Comité, par le 229e bataillon, je crois. Bien qu’une collision fût possible, nous nous engageâmes dans la rue, résolus à faire notre devoir, qui était de protester contre le renversement de l’ordre et le mépris des lois établies, mais il ne nous fut fait aucune résistance. Les gardes nationaux accourus devant la porte de la mairie nous présentèrent les armes, et nous allions continuer notre chemin, lorsque quelqu’un fit remarquer que notre drapeau, où, comme je l’ai dit, on lisait : « Réunion des amis de l’ordre, » pouvait nous exposer à être pris pour des « réactionnaires, » et qu’il fallait y ajouter ces mots : « Vive la République ! » Les personnes qui marchaient en tête de la manifestation firent halte ; quelques-unes d’entre elles entrèrent dans un café, et là, écrivirent à la craie, sur le drapeau : « Vive la République ! » Puis, nous nous remîmes en marche, suivant les voies les plus larges, de plus en plus nombreux et acclamés de toutes parts. Un quart d’heure plus tard, nous arrivâmes rue de la Paix, nous dirigeant vers la place Vendôme, où étaient réunis, en foule, des bataillons du Gomité, et où siége, comme on sait, l’état-major de la