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LES OISEAUX BLEUS

de l’ignorer toujours, si je ne me faisais un devoir de vous en instruire.

« Oui, oui, — a ronronné le Rouet, la princesse dormait depuis cent ans lorsqu’un jeune prince, poussé par l’amour et par la gloire, résolut de pénétrer jusqu’à elle et de réveiller. Les grands arbres, les épines et les ronces s’écartèrent d’eux-mêmes pour le laisser passer. Il marcha vers le château, qu’il voyait au bout d’une grande avenue, où il entra ; et, ce qui le surprit un peu, personne de ses gens ne l’avait pu suivre, parce que les arbres s’étaient rapprochés après qu’il avait été passé. Enfin, quand il eut traversé plusieurs cours pavées de marbre, — des suisses au nez bourgeonné, à la face vermeille, dormaient à côté de leurs tasses où ils avaient encore quelques gouttes de vin, ce qui montrait assez qu’ils s’étaient endormis en buvant, — quand il eut suivi de longs vestibules, et monté des escaliers où des gardes ronflaient, la carabine à l’épaule, il se trouva dans une chambre toute dorée et il vit, sur un lit dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, le plus beau spectacle