Page:Mendès - Poésies, t2, 1892.djvu/133

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Et je suis, par la Grâce, une âme qui s’éveille.

— Ainsi tu pourras voir et toucher la vermeille
Des Cieux perpétuels et purs ?

                                              — Je le pourrai.

— Viens donc, s’écria-t-il, car Dieu t’a préparé ! »
Et, comme un aigle, enflant son vol aquilonaire,
Prompt, tombe sur sa proie et l’emporte au tonnerre,
L’ange, alors, m’enleva par la nuque, au-delà

Des sphères, vers les Cieux que saint Jean révéla,
Pour qu’après Sperberus qui conçut le grand songe,
Et Bœhme le Voyant, et Swedenborg qui plonge
D’un front démesuré dans les gouffres divins,
Un homme encor, niant la verge et les devins
Des Molochs et leur verbe imposteur qui ricane,
Expliquât, l’ayant vu de ses yeux, chaque arcane,
Et, montrant le chemin de la jeune Sion
Aux enfants de l’exil et de l’affliction,
Leur dit : « Lavez, lavez, ô race repentie,
Vos vêtements obscurs dans le sang de l’hostie,