Page:Mendès - Poésies, t2, 1892.djvu/25

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Le matin, en peignant leurs cheveux.

                                                       Et depuis,
On les voyait rester longtemps autour des puits,
Immobiles, avec la cruche de grès rose
A l’épaule, disant parfois : « C’est une chose
Grave ! » et se concertant jusqu’au soleil couché ;
Hélas ! pendant la nuit du mystique péché,
Elles avaient conçu sous le baiser des Anges !

« Holà ! femmes, voici des rejetons étranges,
Crièrent les époux quand les fils furent nés,
Et c’est mal à propos que vous nous les donnez.
Leur front a des lueurs d’étoile qui se lève ;
Leur œil jette l’éclair comme l’acier du glaive
Que les jeunes guerriers portent pour le combat ;
Une aile impatiente et grand ouverte bat
Leurs flancs, aile de cygne ou de colombe ou d’aigle !
Et quand leur chevelure ardente se dérègle,
C’est comme un bélier d’or secouant sa toison !
Voici le déshonneur entré dans la maison ;