Page:Mendès - Richard Wagner, 1886.djvu/156

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et disparaissent derrière les noirs feuillages ; des galops retentissent sourdement, étouffés par l’épaisseur des mousses ; la chasse, plus lointaine, se disperse, s’éteint, se tait. Que pourrait craindre Iseult ? Elle va éteindre la torche, ce dernier reste de la lumière détestée, et Tristan, à ce signal, accourra vers elle et l’embrassera dans la complicité des ombres. Le voici ! Ils s’étreignent avec fureur. Ils sont si près l’un de l’autre que l’obscurité, en les enveloppant, ne croit cacher qu’un seul être. O nuit bénie ! délicieuses ténèbres ! ils ne se verraient pas, s’ils ne se voyaient qu’avec les yeux. Ils se parlent si bas, qu’ils ne s’entendraient pas s’ils ne s’entendaient qu’avec les oreilles. Et ce que leurs bouches profèrent, ce sont les mots entrecoupés du désir qui meurt et renaît, les soupirs de l’abandonnement