Page:Mendès - Richard Wagner, 1886.djvu/34

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avait démolie. Puis il s’envolait dans des emportements : sublimes images, calembours, barbarismes, un flot incessant, toujours heurté, toujours renouvelé, de paroles superbes, tendres, violentes ou bouffonnes. Et, tantôt riant à se décrocher la mâchoire, tantôt s’attendrissant jusqu’aux pleurs, tantôt se haussant jusqu’à l’extase prophétique, il mêlait tout dans son extraordinaire improvisation : les drames rêvés, Parsifal, le roi de Bavière, qui n’était pas un méchant garçon, les tours que lui jouaient les maîtres de chapelle juifs, les abonnés qui avaient sifflé Tannhœuser, Mme  de Metternich, Rossini, « le plus voluptueusement doué des musiciens, » ces gueux d’éditeurs, la réponse qu’il voulait faire à la Gazette d’Augsbourg, le théâtre qu’il ferait bâtir sur une colline près d’une ville,