Page:Mendès - Richard Wagner, 1886.djvu/71

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loin, pleine d’étonnement, sa sœur italienne qui s’étirait avec des langueurs de sieste.

    elle est la Chimère, dont, à pleins poings, on saisit la crinière, et que l’on courbe à la règle.

    Sûrs d’eux-mêmes, les musiciens nouveaux accomplissent avec fermeté leur rêve. C’est flni de batifoler, vous dis-je ! Les petites chansons sont fanées. Il est temps que la musique rêve et pense dans la symphonie ;— qu’elle pleure et sanglote dans le drame ! De là l’art nouveau Et, disons-le hautement, sans vanité comme sans modestie, jamais, peut-être, il ne s’est produit, jamais et chez aucune nation, un mouvement musical comparable à celui qui honore actuellement la France.

    Mais, il faut bien le reconnaître, ce n’est pas au théâtre que s’est manifestée jusqu’à présent la haute valeur de nos compositeurs récents. Ils sont de parfaits symphonistes ; on leur doit des oratorios qui eussent étonné Haydn ou Hændel ; plusieurs de leurs concertos, de leurs trios, de leurs quatuors, sont véritablement des chefs-d’œuvre, et quelques-uns ont écrit pour la voix d’exquises mélodies ; mais nul d’entre eux, jusqu’à ce jour, n’a magnifiquement triomphé sur la scène.

    Les uns se diminuent par un désir de plaire trop vite au public, désir qu’encouragent volontiers les directeurs de théâtre ; les autres, — les plus puissants, — se disséminent dans la symphonie transportée à la scène, se complaisent trop manifestement