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L’AN DEUX MILLE

poids énorme des chaines ? — Oh ! nos meilleurs écrivains ont pris le parti tout naturellement de les secouer. La crainte abâtardit l’ame ; & l’homme qu’anime l’amour de l’humanité doit être fier & courageux. — Vous pouvez écrire sur tout ce qui vous choquera, reprit-on, car nous n’avons plus ni crible, ni ciseaux, ni menotes ; & l’on écrit très peu de sottises, parce qu’elles tombent d’elles-mêmes dans la fange qui est leur élément. Le gouvernement est bien au-dessus de tout ce que l’on peut dire : il ne craint point les plumes éclairées, il s’accuseroit lui-même en les redoutant. Ses opérations sont droites & sinceres. Nous ne faisons que le louer ; & lorsque l’intérêt de la patrie l’exige, chaque homme dans son genre est auteur, sans prétendre exclusivement à ce titre.

CHAPITRE XI

Les nouveaux testamens.


Quoi, tout le monde est auteur ! ô ciel que dites-vous-là ! Vos murailles vont s’embraser comme le salpêtre, & tout va sauter en l’air. Bon dieu, tout un peuple auteur ! — Oui, mais il est sans fiel, sans orgueil, sans présomption. Chaque homme écrit ce qu’il pense dans ses meilleurs momens, &