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que toute une académie à règle et à compas. Il faudrait plutôt en créer une de permutation et de combinaison de mots nouveaux et de phrases nouvelles ; mais le génie en ce genre n’a point de compagnon.

Les mesures existaient dans la nature, avant les règles qui nous en démontrent les proportions ; ainsi la langue existe dans la force des mots, avant la syntaxe et la grammaire. Il n’y a peut-être qu’une science, celle de la perturbation des mots qui les renferme toutes, l’esprit ne dépendant en partie que d’un récensement perpétuel d’expressions ; mais comme il serait impossible d’avoir un dictionnaire où tous les mots y fussent, et tous les adjectifs, actifs, passifs et participes s’y trouvassent, l’interprétation des mots d’une manière absolument neuve, suppléera à notre indigence. Il y a plusieurs langues dans une seule, pour qui sait bien, en tournant tous les mots, les faire passer dans des acceptions diverses, multipliées ou sans cesse modifiées. C’est ainsi qu’une discipline très-active, imprimée à un régiment, double et triple le nombre des soldats.

Je conçois donc une langue universelle, celle qui emprunterait des mots à toutes les langues