Page:Mercier - Néologie, 1801, tome I.djvu/83

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des pertes qui l’enrichissent ; que toutes ses acquisitions ne sont pas également bonnes et fructueuses ; mais dans l’incertitude de la direction constante et invariable qu’elle doit prendre, je soutiens que la langue périra plutôt d’inanition que d’abondance. C’est faute de certains diminutifs et de mots échelonnés, gradués, soit qu’ils montent, soit qu’ils descendent, que toutes les nuances si nécessaires nous échappent, que les erreurs naissent, et que les mauvais raisonnemens s’ensuivent. L’indétermination cessera lorsqu’on pourra donner à la pensée une mesure plus précise, plus détaillée. La langue des grands écrivains est précieuse, qui en doute ? mais elle ne se prête pas à tout ce que la conversation commande quelquefois. Parler comme un livre, c’est mal parler ; il faut rompre la convention générale, pour le charme, l’agrément, le plaisir des conventions particulières. Or donc, que la petite monnaie soit toujours d’une empreinte plus neuve et plus marquée que la grande, afin de mieux résister au frottement ; la circulation, l’échange rapide des idées l’exigent ainsi ; et ne vaut-il pas mieux créer un mot nouveau, que