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livrés à une chicane puérile et sèche ; il plaira aux esprits pénétrans, étendus, qui, guidés par le sentiment, surpasseront bientôt le néologue lui-même, satisfait de s’avouer vaincu. Les génies créateurs, c’est d’eux que j’attends, non point des suffrages (je peux m’en passer), mais la grande langue harmonieuse et forte dont je ne leur ai offert tout au plus que l’instrument.

C’est donc sans crainte que je donne à ma chère nation, dont j’ai tant aimé la gloire et servi la liberté et l’indépendance politique, dans toutes les époques de ma vie ; c’est donc à elle que je livre avec pleine confiance cette Néologie, qui veut dire création de termes nouveaux[1] ; c’est lui annoncer en même temps que je pourrai bientôt reproduire sous ses yeux et reporter à son oreille les mâles expressions de la langue républicaine, qui me fut familière pendant quatre ou cinq années. Il y a là de quoi faire pâlir à jamais la langue monarchique ; mais encore un peu de temps, un peu de temps encore ; vous nous l’accor-

  1. Néologisme, au contraire, abus de la Néologie. Observez bien ceci, lecteurs !