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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome V, 1783.djvu/179

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mens d’un époux, qu’un double péril l’environne. Les premieres douleurs se font sentir, troublent son ame aimante, & qui voudroit être plus courageuse. La joie de donner un fils à son époux combat ses souffrances ; mais quelquefois aussi elles sont plus fortes, & le doux sourire naît & meurt parmi les larmes. Avec quelle incertitude naïve elle interroge tous les regards & cherche à les pénétrer ! Sa délivrance est-elle prochaine ou éloignée ? A-t-elle encore à payer avec usure la volupté de ses chastes amours ? Quel tigre ne seroit attendri ! Ses gémissemens plaintifs, quoique adoucis par la tendresse, sont encore aigus & déchirans. On reconnoît l’accent d’une ame douce jusques dans les cris que la douleur lui arrache. Momens de terreurs & de troubles, où allez-vous encore la plonger ? Qui pourra exprimer le coup-d’œil maternel qu’elle jette sur le chirurgien qui attend le terme indiqué ! Il ne peut que l’adoucir, il ne doit pas trop le hâter. Si dans cette opération sacrée de la nature il est ce qu’il doit être, attentif, zélé,