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les comédiens sont sur un balcon & s’amusent du flux & reflux des oppressés qui leur apportent de quoi souper.

En-dedans, le fusilier vous range comme des oignons, vous fait asseoir, interpelle l’auditeur ventru, le chicane, veut que telle banquette contienne autant de derrieres, sans en avoir pris les proportions ; il impose silence à ceux qui crient qu’ils étouffent. Il faut écouter le bon Moliere sous la moustache d’un grenadier. Riez ou sanglottez trop fort : le grenadier qui ne rit point, qui ne pleure point, observe à quel degré monte votre expansive sensibilité.

Un major peu civil & mal coëffé, de seche figure, beaucoup plus ami des comédiens qu’il connoît que du parterre qui s’écoule, se courrouce quand on siffle ses amis. Il n’a qu’à faire un geste, & l’homme de goût, que le mauvais révolte, est soudain enlevé entre les deux hémistiches d’un vers Cornélien.

Il faut que ce major soit un grand connoisseur en littérature ; car il ne s’éleve pas