Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/323

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 321 )

Le plus terrible frein qu’on puisse opposer enfin à l’injustice qui foule aux pieds les loix dès qu’elle croit n’être pas apperçue, est la menace d’amener ses violences sourdes au grand jour. Alors elle frémira, elle accordera à la crainte de la honte ce qu’elle aura refusé au tribunal de la conscience.

Nous le répétons, il n’y a que l’homme dont la vie cherche l’ombre, qui puisse réclamer contre cet usage propre à démasquer les fourbes, à intimider les hypocrites, à comprimer le crime dans le cœur du méchant, qui craint plus ordinairement l’infamie que ses propres remords.

Ne dissimulons pas qu’on peut abuser de cet avantage, qu’on l’a fait ; & de quoi n’abuse-ton point ? Mais les abus sont en trop petit nombre pour contrebalancer l’utilité qui résulte de la publicité des faits litigieux. Le vrai perce toujours ; il a un caractere qu’on ne peut méconnoître. Ce qui appartient à la calomnie, n’est point durable ; elle se trahit toujours par quelque côté. D’ail-