coupable, on faiſoit périr mille innocens.
Je parle ſelon l’exacte vérité ; le ſang étoit répandu comme l’eau ; un meurtre étoit bientôt ſuivi d’un nouveau meurtre. Le Vainqueur ſe voyoit obligé de préter le flanc à de nouveaux aggreſſeurs : ſemblable à ces athlètes, où celui qui quittoit la lice, donnoit ſon flambeau à ſon ſucceſſeur[1], le fils prenoit la place du père bleſſé ; le frère ſuccédoit au frère vaincu ; le parent ſouffroit pour le parent déjà mort[2] ; la trace du ſang de l’un n’étoit effacée que par les flots de celui de l’autre ; & rarement une victime ſuffiſoît pour éteindre une querelle.
Ombres plaintives de nos athlètes, & vous mânes ſacrés des plus généreux défenſeurs de l’État, ceſſez d’environner le trône, de reclamer en votre faveur l’autorité de nos Rois & la rigueur de leurs Édits ! La fureur du duel eſt montée à ſon comble ; le mal eſt ſans reméde ; les loix ne peuvent qu’envenimer la plaie bien loin de la guérir.