Page:Mercure de France - 1816 - Tome 68.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

juste idée des talens de l’anonyme, et comme il n’y a qu’une jeune pensionnaire que je puisse croire capable d’écrire ainsi, je lui adresserai le vers suivant, parodié du législateur du Parnasse :

Sachez plutôt broder si c’est votre talent.

de Villeneuveq.


LES TROIS ÂGES.


(IIe. et dernier Extrait.)


En se servant ainsi plusieurs fois des mêmes termes, il faut bien qu’il en fasse au moins une fois un heureux usage. L’auteur, en parlant des débris du char d’Agenor, appelle cela des écueils imprévus ; ce sont cependant les seuls que l’on puisse prévoir en pareil cas, et lorsque tant de chars s’élancent à la fois, il est très-probable qu’il y en aura quelques-uns de brisés. Cette épithète est plus justement placée dans le passage suivant ; il s’agit de la révolte des gladiateurs et de la guerre sociale, que M*** appelle la guerre servile pour faire rimer à Sicile.

Le secours de la nuit brise leur esclavage ;
Le jour les trouve armés et guide leur courage.
Les marteaux de Vulcain, la hache, les fléaux,
Et le soc nourricier, et la tranchante faulx,
Instrumens imprévus de guerre et d’épouvante,
Sont tombés au hazard sous leur main menaçante.

Il est dommage seulement qu’instrumens imprévus ne soient que la répétition anticipée de tombés au hasard qu’on lit dans le vers suivant, et qui affaiblit l’hémistiche précédent.

On trouvera aussi que le premier vers sent plus l’école moderne que celle des Boileau et des Racine. À la suite de ces vers on en trouve un qui offre une imitation trop frappante d’un vers de Lebrun, devenu proverbe :

Le désespoir armé ne pardonne jamais.