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soif de vie, aller jusqu’aux sources religieuses, qui seules sont des sources vives. Et là encore, une religion donnée ne lui suffit pas. Il les lui faut toutes, confondues en une immense sphère de vie, où il distingue deux pôles, deux contrastes suprêmes dont il rêve l’union et qu’il appelle Christ et Antéchrist.

Ce sont surtout ces deux principes de sa religion nouvelle, de sa religion intégrale, pourrait-on dire, qu’il étudie dans Tolstoï, l’homme consciemment chrétien et inconsciemment païen, et dans Dostoïewsky, l’homme dont l’apparence, dans sa vie comme dans son œuvre, a si souvent quelque chose de satanique, tandis que le fond de son âme est un des plus chrétiens qu’on puisse imaginer.

Le titre même de l’ouvrage original, dont nous n’avons voulu, par crainte d’obscurité, conserver que le sous-titre, est : « Le Christ et l’Antéchrist dans la littérature russe. »

L’idée que ce titre indique est surtout exposée dans une seconde partie qui, nous a-t-il semblé, touche trop aux inquiétudes religieuses qui travaillent la Russie contemporaine pour intéresser le lecteur français au même degré que les questions d’art et de psychologie traitées dans la première partie et avec lesquelles il s’est depuis longtemps familiarisé. Nous avons aussi cru bien faire en omettant une introduction qui s’adresse trop spéciale-