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et les ennuis innombrables à courir après une chimère. Certes, l’amour-propre qui croit pouvoir lever tous les obstacles, l’ambition d’être plus savant et plus riche que les autres, le désir de faire partie d’une secte peu nombreuse et admirée, l’attrait du mystère et du romanesque, le goût des aventures ou de la spéculation, quelques espoirs vagues et indéterminés, la charlatanerie et la superstition, bref toutes les passions qui sans cesse agitent les hommes, ont sans doute contribué à affermir un grand nombre de vocations, et peut-être en ont-elles provoqué quelques-unes ; mais enfin ces obscures tendances qui ont joué un si grand rôle dans l’histoire des actions humaines, ne sauraient, quelle que soit leur force, expliquer, à elles seules, la persistance d’un effort continu vers une découverte sensationnelle, sur laquelle les savants, malgré leur consciencieux travail, venaient toujours achopper ! Les passions n’agiraient pas longtemps dans le même sens si elles ne rencontraient quelque complice dans l’esprit de ceux qui se laissent séduire par elles. Les espoirs tenaces des alchimistes trouvaient une alliée bien autorisée dans la théorie scientifique, œuvre de l’intelligence humaine ; ils étaient pour ainsi dire appelés par cette théorie, et leur disparition, nous le verrons, coïncida avec sa ruine !

B. — Que les métaux forment une classe naturelle de corps ayant plus d’analogie entre eux qu’avec tous