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principales théories des iatro-chimistes

monde aux reins[1]. » Puis abandonnons l’organisme humain et voyons par quelles analogies sont décrites les propriétés chimiques des corps organiques. Nous apprenons par exemple « que l’esprit de vin est eau, parce qu’il en a la fluidité ; feu parce qu’il brûle ; air. parce qu’étant essensifié, il en a la spiritualité et la pénétration ; terre parce qu’il est tout sel »[2]. En essayant de découvrir les ressemblances de chaque substance chimique avec l’ensemble des autres substances, nos auteurs compliquaient à plaisir la description de chaque matière particulière ; peu à peu ils s’habituent à prendre leurs comparaisons pour les causes profondes des choses ; ils matérialisent leurs images et croient avoir, grâce à elles, pénétré à la fois les secrets de la composition chimique des corps les plus variés, et expliqué les raisons de leurs diverses qualités. Voici, pour nous en rendre compte, comment Locques parle de la plupart de minéraux.

« Les pierres communes ont leur frangibilité, opacité de l’aquosité du mercure, pour corps le rocher, pour matrice la terre, pour spécificateur le nitre. Le rubis a son corps du cristal, sa constance et sa dureté au feu de l’esprit de l’or, sa détermination du nitre et sa teinture de Mars. Le diamant a son corps du cristal, son feu ou son éclat du soufre et de l’esprit de la lune, pour matrice le

  1. Proposition touchant la physique résolutive, 1665, page 23.
  2. Page 12.
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