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les doctrines chimiques en france

C’est par opposition à ces qualités occultes, témoignage sensible de correspondances invisibles, que notre intelligence seule peut saisir que Descartes, Gassendi, Rohaut, Robert Boyle, Lémery et bien d’autres développèrent les théories mécaniques et corpusculaires qui chassèrent pour longtemps de la chimie toute explication harmonique pour ne laisser subsister que les représentations spaciales.

Les raisonnements par analogie ont joué le rôle d’excitant pour la science en formation ; ils ont remué les idées, ils ont fait crouler les bâtisses dans lesquelles la pensée humaine croyait pouvoir se reposer, ils ont creusé profondément le sol sur lequel prendra place le nouveau monument qui se construira lentement au cours du xviie siècle ; bref, ils ont achevé de détruire la philosophie du moyen âge et ils ont fait table rase de tout ce qui existait avant eux. Mais, quand il s’est agi de remplacer la philosophie scolastique par une nouvelle conception de la nature et du monde, quand il s’est agi de fournir de nouveaux cadres à la science expérimentale, quand il s’est agi en un mot de créer une théorie chimique, les correspondances, les similitudes, les analogies se sont montrées singulièrement impuissantes. Elles désorientaient l’esprit humain en le poussant dans plusieurs directions et vers plusieurs buts à la fois ; c’est en suivant cependant l’impulsion donnée par l’une d’elles, c’est en essayant de faire rentrer tous les phénomènes matériels dans les limites étroites d’une des manières d’agir de la nature, indiquée par