Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
204
les doctrines chimiques en france

Il est difficile, a dit Bertrand[1], de trouver une opinion qui ait fait plus de chemin en si peu de temps que celle de l’acide et de l’alcali, et dont on ait si fort outré tous les droits dans la physique. » Quelles sont, demanderons-nous tout d’abord, les découvertes expérimentales qui ont donné occasion à la nouvelle doctrine de se développer si rapidement ? Souvenons-nous que les acides minéraux étaient depuis longtemps connus des chimistes, qui les désignaient indistinctement sous le nom d’eau-forte ; peu à peu, cependant, ils apprirent à les séparer et étudièrent les propriétés spécifiques de chacun d’eux ; ils étaient, à l’époque de Tachénius, parfaitement habitués à ce concept.

Un grand nombre de chimistes[2] sont d’accord pour nous révéler l’origine de la notion d’alcali. « L’alcali, nous apprennent-ils, n’a été dans son véritable commencement qu’un sel tiré par la lessive des cendres d’une herbe qui vient en Asie, qu’on appelle Kali dans les lieux où elle croît, et en français soude. On nous en apporte les cendres à Marseille, dont on se sert principalement pour la composition du savon ; on a ensuite donné le nom d’alcali à tous les sels lixivieux des végétaux, et sur la ressemblance de quelques effets qu’on a remarqués entre ceux-ci et ceux qu’on sépare prin-

  1. Réflexions nouvelles sur l’acide et l’alcali et de l’usage « que l’on en fait pour la physique et la médecine », p. 21.
  2. Bertrand, p. 21 et 22. — Rothe, p. 106, etc. James, p. 593. Voir chap. 5.