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Développement de la philosophie mécanique

L’enthousiasme provoqué par leurs travaux donna naissance à l’espérance d’atteindre, par l’usage judicieux de nos sens, les réalités fondamentales que notre esprit livré à lui-même ne parviendrait point à saisir ; le Journal des Savants, analysant la micrographie de Hooke, nous en livre la naïve expression. « Un des plus grands obstacles qui s’est rencontré au progrès de la Science Naturelle, c’est que les anciens s’étant entièrement occupés à perfectionner le raisonnement, ont négligé la connaissance des sens, et ont mieux aimé deviner la plupart des choses que de les voir. Cependant, comme l’âme ne connaît rien que par l’entremise des organes du corps, les opérations des sens ne servent pas moins pour acquérir une parfaite connaissance de la nature que celles de l’Esprit ; et elles sont même d’autant plus nécessaires que la sagesse de Dieu étant infiniment au-dessus de la portée de notre imagination, il est beaucoup plus facile de connaître ce qu’il a fait que de deviner ce qu’il a voulu faire[1]. »

Le développement de la science expérimentale, l’assurance suggérée à la fois par la philosophie corpusculaire et les observations microscopiques, que les réalités primordiales du monde matériel sont accessibles à notre vue, donnèrent à un grand nombre de chimistes l’idée de devancer l’expérience. de représenter par l’imagination visuelle les particules

  1. JS. 1666.