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LA THÉORIE DE LÉMERY

du monde, lui paraissent de vaines superstitions ne supportant pas la discussion, indignes même d’être prises au sérieux. Lémery, à l’occasion, les raille agréablement ; mais il est si éloigné de l’état d’esprit des savants qui prenaient ces similitudes comme base assurée de leur science qu’il les confond dans une même réprobation avec les anciennes doctrines astrologiques et la philosophie alchimique, dont elles diffèrent profondément.

Visiblement, avec l’avènement du cartésianisme en chimie, il s’est produit, dans cette science, une révolution profonde. Les données fondamentales sur lesquelles les prédécesseurs avaient cru pouvoir construire une science à l’abri des attaques ont croulé par simple contact, et, semblable à une vaine rêverie, la doctrine scientifique qui avait en elles ses fondements a été frappée à mort ! Certes la raison n’a qu’une manière de procéder, et, du dogme fondamental de l’alchimie, il est possible de déduire les espoirs des alchimistes. Ces espoirs semblent rationnels puisque le « donné » si l’on peut s’exprimer ainsi, les appelle irrésistiblement. Certes encore, la connaissance des analogies, similitudes et sympathies qui, au premier abord, nous avait semblé si étranges, a rendu perméable à notre esprit la science de la Renaissance. Pour quels motifs, demantera-t-on, la philosophie mécanique a-t-elle triomphé si facilement de ses rivales ?

Afin de saisir la cause du grand succès de Lémery, il nous faudra résoudre la difficulté que nous venons

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