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les doctrines chimiques en france

l’argent, qui a les pores plus petits, est plus susceptible des impressions de l’air et du feu, que l’or qui en a de plus grands, puisque j’ai supposé que la matière interceptée entre les pores de l’or est plus compacte et par conséquent plus difficile à ébranler que celle de l’argent[1]. »

De cette longue et intéressante discussion, nous pouvons tout d’abord conclure que ni l’auteur ni le lecteur ne contestaient la légitimité de l’explication mécanique et corpusculaire ; sans doute, le principe admis se rencontrait-il dans l’application de nombreux sujets de discorde. Lémery, ne doit-il point défendre ses conclusions particulières contre les assertions d’autres chimistes partisans de sa méthode générale, et qui, avec Homberg, interprétaient autrement que lui la dissolution de l’or dans l’eau régale… Ce dernier n’a-t-il point conjecturé « avec assez de « vraisemblance que les pores de l’or qui pèse beaucoup plus que l’argent, sont plus étroits et les pointes de l’esprit de sel plus fines que celles de l’esprit de nitre ; qu’elles le sont plus qu’il ne serait absolument nécessaire pour la petitesse des pores de l’or, que l’esprit de sel uni avec l’esprit de nitre forme un corps de grosseur moyenne encore capable d’entrer dans les pores de l’or, d’y faire effet d’un coin et d’en écarter les parties solides[2] ».

  1. Page 196.
  2. ADS 1706, H30 m 102.