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la théorie de lémery

pris dans une signification tout à fait exacte ; car les substances à qui l’on a donné ce nom ne sont principes qu’à notre égard, et qu’en tant que nous ne pouvons aller plus avant dans la division des corps ; mais on comprend bien que ces principes sont encore divisibles en une infinité de parties qui pourraient à plus juste titre être appelées principes. On n’entend donc par principes de chimie que des substances séparées et divisées autant que nos faibles efforts en sont capables : et comme la chimie est une science démonstrative, elle ne reçoit pour fondement que celui qui lui est palpable et démonstratif. C’est à la vérité un grand avantage que d’avoir des principes si sensibles, et dont on peut raisonnablement être assuré ; Les belles imaginations des autres philosophes touchant leurs principes physiques élèvent l’esprit par de grandes idées, mais elles ne leur prouvent rien de démonstratif. C’est ce qui fait qu’en allant à tâtons pour découvrir leurs principes, les uns se forment un système, les autres un autre : mais si l’on veut approcher autant qu’il se pourra des véritables principes de la Nature, on ne peut prendre une voie plus assurée que celle de la chimie[1] ; cet art servira comme d’une échelle pour y atteindre, et la division des substances, quoique grossière, donnera une fort grande idée de la figure et de la nature des pre-

  1. Pages 5 et 6.