Page:Metzger - Les doctrines chimiques en France du début du XVII à la fin du XVIII siècle, 1923.djvu/349

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
347
essai sur la chimie expérimentale

aux os, aux dents, aux cornes des traitements variés ; ils les brûlaient, les distillaient, les dissolvaient dans de l’eau, les pilaient, les pulvérisaient ; puis ils mélangeaient les corps ainsi obtenus et essayaient leurs effets contre les diverses maladies dont les hommes sont affligés. Sans doute, depuis Paracelse, la thérapeutique s’était enrichie de remèdes d’origine minérale ; sans doute, ces substances étaient connues pour avoir des propriétés fort différentes des matières organisées auxquelles on les ajoutait.

Cependant lorsque la chimie se constitua comme science, et qu’en dehors de son but technique le pharmacien prétendit parvenir à la connaissance de la composition « des mixtes », quand il essaya de séparer les principes dont ces mixtes sont formés, il utilisa tout naturellement les procédés dont la pratique de son art lui avait suggéré l’emploi ; il essaya l’action du feu qui, suivant les cas, brûle, distille, dessèche ou fond, l’action de l’eau qui dissout, ou des acides qui corrodent ; il employa les alambics, les fourneaux, les vases, les mortiers, bref tout le matériel de son laboratoire. Et les corps organisés, qui par ces moyens perdent leur homogénéité en laissant apparaître certains produits de décomposition, leur semblèrent plus faciles à atteindre que la plupart des métaux et minéraux qui, pensaient-ils, résistent provisoirement à leurs efforts, et ne se laissent pas « anatomiser », suivant une expression empruntée à la pratique de la dissection des ani-