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les doctrines chimiques en france

dans ce cas les plus caractéristiques du triomphe de la philosophie corpusculaire.

Et d’abord, il nous faut constater que le langage imposé par le mécanisme est si bien adapté à la description de l’expérience qu’il fait pour ainsi dire corps avec elle ; l’hypothèse conjecturale qu’il recouvre, ne peut qu’artificiellement s’isoler de la constatation du fait expérimental et ils forment ensemble à première vue un tout indissoluble ! Lisez par exemple le « Traité de physique » de Rohault et la « Philosophie » de Régis, qui veulent tous deux, quoique différemment, enfermer les phénomènes chimiques dans Le cadre des « Principes » de Descartes, et déjà vous serez frappé de la facilité avec laquelle une théorie a priori de la matière rend compte sans effort des réactions matérielles, aussi variées et imprévues qu’elles puissent être.

Lisez maintenant les ouvrages de gens du monde ou de spécialistes de la chimie pour voir à quel point cette théorie était entrée, si l’on peut s’exprimer ainsi, dans le sens commun du public intelligent et curieux. Déjà Gassendi, par exemple, ou Robert Boyle[1] s’étaient demandés si le froid était dû à une substance matérielle et dans ce cas à laquelle ? À un élément aristotélicien, comme quelques-uns l’ont pensé[2], ou à des particules frigorifiques qui auraient justement pour mission de refroidir, ou

  1. New experiment touching cold.
  2. Frédéric Hoffmann