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les doctrines chimiques en france

niment petits moléculaires qui, d’après la théorie, formaient les constituants primitifs de cet ensemble.

Aussi les derniers défenseurs du cartésianisme accusèrent-ils leurs prédécesseurs d’avoir méconnu la science mécanique qui était la seule base de toute leur philosophie ; d’avoir, par des explications bizarres, rendu le mécanisme ridicule ; et pourtant la chute d’un mécanisme spécial ne signifie aucunement la chute du mécanisme en général[1].

Écoutons encore au sujet de la dissolution, la critique qu’un cartésien attardé, Privat de Molières, fit des doctrines de ses prédécesseurs : « Les physiciens se sont depuis longtemps aperçus qu’il devait nécessairement y avoir un certain mouvement intestin et permanent dans les parties de l’eau, qui la rendit capable de dissoudre les sels et d’autres matières plus ou moins pesantes qu’un pareil volume d’eau ; de les diviser en particules insensibles et de les tenir suspendues et uniformément dispersées dans tout le volume qu’elle occupe ; mais il est certain qu’ils n’ont pu jusqu’à présent nous faire comprendre distinctement la cause de ce mouvement. Ils ont bien dit qu’il procédait de celui de la matière subtile, dans laquelle les molécules de l’eau se mouvaient comme de petites anguilles qui nageraient dans un étang mais c’était

  1. Leçons de physique contenant les éléments de la physique déterminés par les seuls lois de la mécanique, 3 vol. in-12. Paris, 1736.