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LES DOCTRINES CHIMIQUES EN FRANCE

Ces ferments spécificateurs sont-ils corporels ou spirituels ? Cette question, qui s’impose à nous, n’est pas discutée par Lefèvre qui néglige même de la mentionner ; par cet oubli volontaire ou inaperçu de l’auteur, une grande partie de la théorie demeure quelque peu obscure ; nous savons que l’esprit est corporifié par la matière en tel ou tel composé ; mais nous ignorons comment cette matière imprime au corps spécifié tel caractère particulier. À la vérité, ces caractères peuvent disparaître et l’art essayera de rapprocher tout mixte de l’universalité de ce premier principe — « cet esprit cependant ne peut retourner à sa première indifférence ou à sa première universalité qu’il n’ait perdu totalement l’idée qu’il a reçue de la matière dans laquelle il a été corporifié » — s’il en retient une idée affaiblie il se corporifie de nouveau, mais autrement qu’il l’était auparavant.

Résumons cette théorie qui, réduite à ses termes essentiels, se présentera avec plus de netteté. « Nous avons dit ci-dessus que l’esprit universel, qui contient radicalement en soi les trois premières substances, était indifférent à être fait toutes sortes de choses, et qu’il était spécifié et corporifié selon l’idée qu’il prenait de la matière où il était reçu ; qu’avec les minéraux il devenait minéral ; qu’avec les végétaux il devenait végétal ; et qu’enfin avec les animaux il devenait animal ! » Voici tout du moins quelles sont ces possibilités avant que le mixte ne se compose — comment se