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mois après son mariage, le 5 octobre 1572, elle abjura publiquement la religion protestante dans l’église de St.- Denis. Le pape lui adressa un bref sur sa conversion. Elle survécut peu à cette cérémonie. Cette princesse, qui avait fait l’admiration de la cour de Charles IX par sa beauté et ses vertus, mourut en couches, au palais du Louvre, le 3o octobre 1574, âgée de vingt-un ans, un mois après le retour de Henri III. Ce prince, dont l’absence n’aurait point affaibli la passion, donna tous les signes d’une douleur violente, resta plusieurs jours sans manger dans un appartement tendu de noir, et lorsqu’il reparut en public, ce fut avec un habit de deuil parsemé de têtes de morts. Selon l’usage de ces temps de crédulité, on crut que la princesse avait employé quelque charme pour enflammer Henri. On trouve dans les Œuvres de Pasquier une complainte sur la mort de Marie de Clèves , où le poète fait parler le roi lui-même. Marie de Clèves ne laissa qu’une fille. B — y.

CLEYER (André), médecin et botaniste, naquit à Cassel, vers le milieu du 17e. siècle. Il s’attacha, en qualité de médecin, au service de la compagnie des Indes de Hollande, et parcourut différentes contrées de l’Asie, entre autres, la Chine et le Japon. Partout il recueillit des observations précieuses sur les plantes les plus remarquables par leur produit, leur utilité et leur agrément. Il revint on Europe vers 1680. Il n’a fait paraître aucun ouvrage particulier ; mais ses lettres, publiées par Bernard Valentin, et un très grand nombre de mémoires insérés dans les Éphémérides des curieux de la nature, ont fait connaître l’histoire de beaucoup de drogues médicinales, et une quantité de plantes. Ou en voit le catalogue, avec une notice détaillée, dans la Bibliotheca botanica de Séguier et dans celle de Haller. Dans ces mémoires, il a donné quelques figures assez bonnes ; mais ses descriptions sont trop courtes et insuffisantes. M. Thunberg a consacré à sa mémoire un genre de plantes du Japon, qu’il a nommé Cleyera. Ce nom a été changé depuis en celui de Ternstrœmia. Cleyer a aussi publié quelques ouvrages des missionnaires, sur la médecine des Chinois ( Voy. Boym ). D — P — s.

CLICHTOVE (Josse), l'un des plus habiles controversistes du 16e. siècle, naquit à Nieuport, fit ses études à Paris, y prit le bonnet de docteur, et devint professeur de théologie à Navarre. Ses talents pour la prédication, relevés par une vie exemplaire, lui acquirent une grande réputation. Il mourut le 22 septembre 1543, théologal de Chartres. Clichtove est regardé comme le premier des docteurs de Paris qui ait écrit contre Luther, et comme un de ceux qui ont traité la controverse avec le plus de netteté, de solidité et d’érudition, sans y mêler ni aigreur, ni emportement. Il possédait bien l’Écriture Sainte et les Pères ; mais il manquait de critique et de la connaissance des langues anciennes, dont le goût commençait à peine à éclore de son temps. Le style de ses ouvrages est plus pur que celui de la plupart des scholastiques, mais moins élégant que celui des bons littérateurs de la même époque. Ses œuvres furent bien accueillis du public. Érasme les appelait Uberrimus rerum optimarum fons. Le plus célèbre est intitulé Anti-Lutherus, Paris, 1524, in-fol. Cologne, 1515, in-4°. : il roule sur la prétendue liberté évangélique des novateurs, sur l’abolition de la messe et sur les vœux monastiques. Parmi ses autres ouvrages, qui sont en grand