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la couronne de l’Empire, Adalbert, qui soutenait le parti de Carloman, marcha contre Rome avec son beau-frère Lambert, duc de Spolète, et contraignit le pape à se réfugier dans la basilique St-Pierre, força les Romains à prêter serment de fidélité à Carloman, et méprisa, pour arriver à son but, l’excommunication dont il fut frappé. Adalbert mourut entre les années 864 te 880. Il eut pour successeur son fils, de même nom que lui. S. S-i.


ADALBERT II, fils du précédent, régnait a l’époque où la maison carlovingienne venait de s’éteindre : les seigneurs italiens se disputèrent les deux couronnes de Lombardie et de l’Empire. Adalbert II était alors le plus puissant des grands feudataires, sa cour était la plus riche et la plus somptueuse, et quelque goût pour les lettres et les beaux-arts commençait à s’y introduire. Il aurait pu prétendre à la couronne, à aussi juste titre que Guido, due de Spolète, et Bérenger, duc de Frioul ; il aima mieux assurer l’indépendance et la prospérité de ses États héréditaires, et tenir la balance entre les monarques rivaux. Il s’attacha d’abord à l’empereur Guido, qui était son oncle ; mais il changea plus d’une fois de parti, et, au milieu des divisions de l’Italie, sa fortune se démentit souvent. Arnolphe, roi d’Allemagne, le fit arrêter, en 894, comme il était venu lui rendre hommage. Lambert, fils de Guido, le battit, en 898, près de San-Donnino, et le fit prisonnier. Louis de Provence, qu’il avait appelé en Italie en 900, le força par son ingratitude à se détacher de lui. On croit qu’il mourut en 917. Les dernières années de sa vie et le sort de sa famille sont enveloppés de beaucoup d’obscurité. Muratori le regarde comme l’un des ancêtres de la maison d’Este. Ermengarde (voy. ce nom), fille d’Adalbert II, épousa Adalbert, marquis d’lvrée. Guido, son fils, lui succéda au duché de Toscane. S. S-i.


ADALBERT, roi d’Italie, fils de Bérenger II, fut associé par lui au trône le 15 décembre 950. Cette association était destinée à garantir son droit de succession ; mais il ne partageait point l’autorité de son père ; aussi n’avait-il point encouru avec lui la haine publique. Lorsqu’Othon Ier entreprit, en 961, la conquête de l’Italie, Adalbert s’avança sur l’Adige avec une armée de 60,000 hommes ; mais, au lieu de combattre, les chefs de cette armée déclarèrent que, si Bérenger ne renonçait pas à la couronne en faveur de son fils, ils se sépareraient sur-le-champ. Bérenger refusa de transmettre à son fils des droits qu’il voulait conserver, et les grands feudataires quittèrent aussitôt Adalbert, et retournèrent chez eux avec leurs vassaux. Otho n’éprouva plus aucune résistance ; et, tandis que Bérenger enfermait dans la forteresse de St-Léo, Adalbert parcourut l’Italie sous divers déguisements, s’efforçant vainement de ranimer le zèle de ses sujets. Il fut enfin obligé de se réfugier a Constantinople, à la cour de Nicéphore Phocas. Après l’année 968, l’histoire ne parle plus de lui. S. S-i.


ADALBERT, marquis d’Ivrée, épousa Gisèle, fille de Bérenger Ier, et de ce mariage naquit Bérenger II, roi d’Italie. Le marquisat d’Ivrée, qui comprenait la plus grande partie du Piémont, était un des fiefs les plus importants de l’Italie ; son seigneur pouvait offrir ou fermer aux Français le passage des Alpes ; et Adalbert, non moins jaloux de l’autorité royale que les autres grands feudataires, appela deux fois, en 899 et 921, des concurrents français à la couronne d’Italie, pour en dépouiller son beau-père. Deux fois aussi il fut vaincu, et obtint son pardon de la clémence de Bérenger Ier. Ermengarde, fille d’Adalbert II, duc de Toscane, qu’il épousa en secondes noces, l’entraîna, par son ambition et ses intrigues, dans le parti de Rodolphe II, roi de la Bourgogne transjurane, et hâta ainsi la ruine de Bérenger. Adalbert mourut en 925, avant d’avoir vu l’accomplissement des projets de sa femme. S. S-i.


ADALBERT (Saint), évêque de Prague, né en 939, d’une famille noble de Bohême, étudia à Magdebourg, auprès de l’archevêque Adalbert, dont il prit le nom. De retour à Prague, et sacré évêque, il fit d’inutiles efforts pour corriger les mœurs du clergé de Bohême, qui le persécuta et le força de s’enfuir à Rome, où, le pape Jean XV le dégagea de ses obligations envers son diocèse. Il entra alors dans un couvent, où, par humilité, il faisait le service de la cuisine. Les Bohémiens le redemandèrent, et le peuple de Prague le reçut avec des transports de joie ; mais la corruption, toujours croissante, de son troupeau, l’en chassa encore : sa pieuse austérité s’accordait mal avec les vices des Bohémiens. Il se retira de nouveau à Rome ; l’archevêque de Mayence se plaignit au pape de ce qu’Adalbert abandonnait son église. La Hongrie venait de se convertir au christianisme ; l’évêque de Prague se rendit auprès du prince Geysa, et prêcha l’Évangile aux Hongrois, à l’aide d’un interprète. Il exerça le même ministère en Pologne, d’abord à Cracovie, et ensuite à Gnesen, ou il fut archevêque. Mais son zèle, et peut-être l’inquiétude naturelle de son caractère, avaient besoin d’une tâche plus pénible et plus dangereuse : la Prusse était encore idolâtre ; la foi chrétienne n’avait jamais été prêchée à ses habitants ; il s’y rendit avec une faible escorte, et obtint d’abord les plus grands succès à Dantzick, alors Gédanie ; entrainé par son zèle, il aborda dans une petite ile dont les sauvages habitants le reçurent fort mal. Le ton impérieux avec lequel il leur ordonna de quitter leurs dieux excita leur indignation ; ils le saisirent et l’enchainèrent ; ses compagnons tremblaient : « Ne vous affligez pas, leur dit-il, qu’y a-t-il de plus glorieux que de mourir pour le Christ ? » Les barbares, offensés, le percèrent de coups de lance, à l’instigation de Sego, prêtre païen ; et il obtint ainsi les honneurs du martyre. Cet événement arriva en 997. Sa fête est célébrée le 29 avril. On l’appela l’Apôtre de la Prusse. Le prince de Pologne Boleslas racheta son corps pour une quantité d’or d’un poids égal, Il passe pour l’auteur du chant guerrier Boga-Rodzica, que les Polonais ont coutume d’entonner avant une bataille. G-t.


ADALBERT, apôtre des peuples slaves, fut, en 964, tiré du monastère de St-Maximien et envoyé en Russie. La princesse Olga, la Clotilde de la nation russe, était allée à Constantinople (956), pour y