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les hôpitaux jusqu’à sa mort, arrivée à Boulogne en 1657. On a de lui quelques ouvrages en anglais, parmi lesquels on cite un Traité de la distillation et des Observations sur les eaux minérales de l’Yorkshire.- French (Nicolas), curé de Wexford en Irlande, sa patrie, fut député au conseil souverain des catholiques confédérés à Kilkenny, et fait évêque de Fern en 1645, en récompense du zèle qu’il avait montré pour le maintien de la loi. Il alla ensuite à Rome pour solliciter des secours en faveur des Irlandais catholiques ; il chercha aussi à mettre dans leurs intérêts le duc de Lorraine Charles IV ; mais les succès de Cromwell firent échouer tous ses projets, et il se vit obligé de se réfugier en Espagne, où il devint suffragant de l’archevêque de Compostelle. Il repassa en Flandre en 1666 et mourut à Gand le 25 août 1678, à l’âge de 74 ans. Il a publié en anglais quelques ouvrages dirigés contre le duc d’Ormond et les partisans de Cromwell, et a laissé en manuscrit un Cours de philosophie en latin et plusieurs écrits de controverse. — French (Pierre), célèbre missionnaire, né à Gallway, en Irlande, mort dans sa patrie en 1695. Après avoir terminé ses premières études, il fut envoyé en Espagne pour y faire un cours de théologie et recevoir les ordres sacrés. Son zèle pour les progrès de la foi le détermina à passer en Amérique, où il demeura trente ans uniquement occupé de répandre les lumières de l’Évangile. Il avait composé en langue mexicaine un Catéchisme ou exposition des principales vérités du christianisme. W-8.

FRENICLE (Nicolas), poëte français, né à Paris en 1600, s’appliqua dès sa première jeunesse à la culture des lettres. Ce n’était pas, si on l’en croit, l’amour d’une vaine renommée qui avait déterminé son penchant, mais le besoin d’exprimer son admiration pour les beautés de la nature et de célébrer le bonheur dont il jouissait à la campagne. Cependant on sait qu’il fit des démarches pour être reçu à l’Académie française : elles furent inutiles, quoiqu’il eût l’appui de Colletet et surtout de Chapelain, qui jouissait alors d’un grand crédit. Chapelain, dans ses notes sur les écrivains de son temps, a porté ce jugement de Frenicle : Il écrit purement, et, par ses ouvrages en vers, il fait voir une veine aisée, mais sans fond et sans élévation. Frenicle avait acquis la charge de conseiller à la cour des monnaies par son mariage avec la fille de Jacques Cartais. Cet emploi ne pouvait contrarier en rien son goût pour la littérature, et il s’y livra toute sa vie avec plus d’ardeur encore que de succès. Sur le retour de l’âge, il eut du regret de s’être plutôt appliqué aux fables du Parnasse qu’aux vérités du Calvaire ; et il chercha à réparer ce tort par la composition de quelques poésies chrétiennes. Il mourut en 1661 dans de grands sentiments de piété. Son portrait a été gravé par Mathieu. On lit au bas un quatrain qui lui promet l’immortalité pour avoir relevé les autels d’Apollon. On a de Frenicle : 1° Premières œuvres poétiques. Paris, 1625, in-8°. Ce volume renferme trente-six élégies, où Frenicle dit avec assez d’esprit et dans un style assez coulant beaucoup de sottises galantes ; il contient aussi des stances. des odes, des sonnets et des rondeaux. Frenicle retoucha ces différentes poésies et les lit réimprimer avec des hymnes, des églogues, etc., Paris, 1629, in-8°. Desforges-Maillard dit qu’on trouve de l’esprit et du feu dans les hymnes de Frenicle, des grâces et de la douceur dans ses églogues ; mais qu’il est diffus, inégal, et qu’il néglige souvent l’exactitude et la pureté de l’expression. 2° Palémon, fable bocagère et pastorale en cinq actes et en vers, avec des chœurs, Paris, 1652, in-8°. C’est une imitation du Pastor fido, très-inférieure sans doute à l’original, mais cependant assez bien écrite. 5° La Niobé, tragédie en cinq actes et en vers, ibid., 1652, in-8°. Cette pièce n’a point été représentée. 4° Les Entretiens des illustres bergers, ibid., 1651, in-8°. Il paraît avoir choisi ce cadre pour y faire entrer dans la première partie les églogues et les madrigaux qu’il n’avait point encore publiés. La seconde partie contient une comédie pastorale en cinq actes, intitulée : La fidèle bergère ; pièce, dit le rédacteur de la Bibl. du théâtre français, sagement et froidement écrite, et qui n’offre aucun intérêt. 5° Jésus-Christ crucifié, poëme, íbid., 1636, in-12 ; 6° Hymne de la Vierge, ibid., 1641, in-4° ; 7° Paraphrase des psaumes de David, ibid., 1661, in-8° ; 8° Hymne de St-Bruno. fondateur des Chartreux. sans date, in-4°. C’est la vie en abrégé et le panégyrique de ce saint. Frenicle annonçait encore un poëme de la Conversion de Clovis, mais qui n’a point paru. W—s.


FRENICLE DE BESSY, frère du précédent, s’acquit la plus grande réputation dans la science des nombres. Les géomètres français et anglais ses contemporains se faisaient alors mutuellement des défis sur des questions numériques, et Frenicle, avec sa seule arithmétique, poussait à bout tous ses rivaux. Fermat, Descartes, Roberval, Wallis, qui avaient donné des preuves d’une si grande capacité dans la solution de ces sortes de problèmes, furent eux-mêmes contraints plusieurs fois de reconnaître sa supériorité en ce genre. Fermat, dans une de ses lettres, s’exprimait en ces termes : « Je vous déclare ingénument que j’admire le génie de M. Frenicle, qui, sans algèbre, pousse si avant dans la connaissance des nombres, et ce que j’y trouve de plus excellent consiste dans la vitesse de ses opérations. » Fermat, dans une autre circonstance, ayant trouvé le nœud d’une difficulté presque insurmontable, écrivait à l’un de ses amis : « ll n’y a rien de plus difficile dans toutes les mathématiques, et, hors M. de Frenicle, et peut-être M. Descartes, je doute que personne en connaisse le secret. » L’illustre géomètre auquel Fermat ne donnait ainsi que le second rang, Descartes lui-même, dans une lettre adressée au père Mersenne, di-