Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 17.djvu/588

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philosophie et le droit avec un succès éclatant, entra en 1801 à la chancellerie de justice de la seigneurie de Forsta et Pfœrten, devint en 1808 directeur de la ville de Pfœrten, et depuis 1814 porta le titre et remplit les fonctions de directeur tant de la chancellerie de justice et féodale, que du consistoire de cette seigneurie. Bien que rempli if érudition et d’intentions pures, il subit de cruelles tribulations dans cette charge. D’abord il avait étudié le droit saxon ; maintenant il fallait, d’après les derniers événements, lesquels donnaient à la Prusse partie de la Saxe, juger suivant le droit prussien, en d’autres termes il fallait répudier d’anciennes habitudes et se pénétrer de lois, de formes nouvelles. Ensuite il trouvait un arriéré immense, une cour de justice désorganisée et partout de la mauvaise volonté. Son assiduité, son exemple, quelques mots tombés de sa bouche comme par mégarde, triomphèrent encore de ces obstacles. Tandis qu’il luttait ainsi de toutes ses forces contre les difficultés, un subalterne, qu’il avait comblé de biens et qui lui devait tout, ramassa quelques peccadilles de forme, dont certes nul juge saxon alors n’était exempt, broda sur le tout, et, faisant grand bruit de ces inadvertances, dénonça le juge comme prévaricateur. Le commissaire que nomma le gouvernement prussien pour vérifier ses assertions eut la bonhomie de trouver Grolig coupable, et sur cette sentence Grolig fut privé de sa place. Heureusement il ne se tint pas pour battu, et appelant de la décision, il vit, après une enquête de seize mois, un jugement solennel le déclarer innocent et lui rendre ses emplois (1829). Il eut moins de bonheur quand il fut dénoncé comme ayant parlé irrévérencieusement au ministre de la justice dans une requête. Cette fois l’instruction fut courte : close en octobre 1850, elle déclara Grolig coupable. Mais il se passa encore trois ans avant que cette condamnation fût effectuée. Alors parut une ordonnance qui le condamnait à six semaines de forteresse. Il forma encore appel. Mais les, contrariétés de ses dernières années l’avaient rendu malade, irritable. il expira le jour même où l’appel devait se juger, le 4 juin 1854. Grolig n’a point publié d’ouvrages. Quelques manuscrits informes attestent pourtant qu’il avait du talent, de l’érudition, et l’on doit regretter que ce nuage d’affaires qui avait pour ainsi dire crevé sur sa tête l’ait empêché de perpétuer son nom par quelque écrit. P—or.


GROLLIER (César), en latin Glorierius, né vers 1510, fut emmené très-jeune à Rome par son père, et le pape Clément VII voulut se charger de sa fortune. Son éducation avait été soignée ; il possédait des connaissances variées, et surtout’ il s’exprimait en latin avec autant d’élégance que de facilité. Le pontife mourut avant d’avoir pu assurer son sort, mais il lui laissa des protecteurs puissants, et après avoir exercé différents emplois, Grollier fut fait secrétaire des brefs. Il 0

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épousa, avec la permission de Jules lil, une riche héritière de Florence, et de ce mariage il * eut deux fils. Alexandre, l’ainé, annonçait le plus de dispositions, et devint l’objet de tous ses soins. Les progrès de cet enfant furent très-remarquables, et lorsqu’il eut terminé son cours de droit, il soutint durant trois jours, et avec de grands applaudissements, des thèses dont il dédia le recueil au saint cardinal Charles Borromée. Ce premier succès lui mérita la bienveillance de Pie IV, qui lui donna une place de référendaire, et peu après il entra à la chambre apostolique. Il se distingua dans ses fonctions par sa capacité, son amour de la justice et sa fermeté extraordinaire. Un jour le cardinal Guastavilla, neveu de Grégoire XIII et son camérier, apporta à la chambre une décision relative aux clercs et à leurs privilèges. Alexandre lui prouva qu’elle était contraire aux canons ; mais il soutint son sentiment avec une chaleur qui déplut au cardinal, peu habitué à être contredit. Le pape approuva le ressentiment de son neveu, et le laissa maître de la punition : elle fut terrible. On dépouilla sous de faux prétextes Alexandre et son père de leurs emplois, leurs biens furent confisqués, et ils couraient risque l’un et l’autre de périr comme des criminels, si les cardinaux Hippolyte d’Este et Ferdinand de Médicis ne leur eussent fourni les moyens de se rendre secrètement à Florence, où ils se tinrent cachés tant que vécut Grégoire XIII ; mais, après la mort de ce pape, ils revinrent à Rome, obtinrent la révision du jugement rendu contre eux, furent déclarés innocents de tous les crimes qu’on leur imputait, et rétablis dans leurs biens ainsi que dans leurs dignités. Alexandre, toujours inflexible dans ses principes, ne tarda pas à se faire de nouveaux ennemis, et mourut de chagrin vers 1594. On ignore la date précise de la mort de César Grollier, mais on sait qu’il vivait encore en 1582. On a de lui : Historia ezpugnalœ et direpiœ urbî : Iiomœ per en-ercilum Caroli V, imparatori : .~ die.meta maií 1527, Clémente l/Il ponh :/ice. Paris, Cramoisy,1657, in-4°. Dans la dédicace à Jean Grollier, son père, il déclare qu’il a reçu de lui la naissance, l’éducation et tout ce qu’il possède, quoique par les lois il n’eût droit à rien. l’ouvrage, suivant Bonamici, est plutôt d’un rhéteur que d’un historien. C’est à tort que les auteurs de la Bibi. hist. de France annoncent qu’on trouvera une notice sur Grollier dans le livre de Bonamíci, De clari : ponlj/icar. epirtol. scríμtoribur. Ce biographe ne lui a consacré qu’un article très-court et fort insignifiant ; mais on ne lira pas sans intérêt t’éloge qu’Ei-ytlu-ans (Jean-Vittor. Rossi) a fait de César Grollier et de son fils Alexandre, dans sa Pinacollacca imaginum illusîfitlm. W*’-5-CROLLIER (Amrome), de la même famille qu e

les précédents, mais d’une autre branche, naquit à Lyon en 1515 ; il accompagna M. de Laubespm dans son ambassade d’Espagne, et à son retour, se sentant plus de goût pour les armes que pour