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APO

phe au rang des hommes éminents qui ont été assistés de quelque démon ou génie surnaturel, tels que Socrate et Numa. Eunape, platonicien crédule et ami des fables, parle d’Apollonius comme d’un être tenant du dieu et de l’homme, et ajoute que Philostrate aurait dû intituler son histoire : la descente d’un Dieu sur terre. Apollonius réunissait le caractère d’un sage et celui d’un imposteur ; mais on ne voit pas trop que l’on puisse ajouter, avec Gibbon, celui d’un fanatique. Il ne reste, des écrits d’Apollonius, que son apologie à Domitien, donnée sans doute, tout au plus en substance, par Philostrate, et quatre épîtres, pour la plupart philosophiques, dont la doctrine tient du système d’Héraclite sur l’unité de la nature. Leur style laconique est une présomption en faveur de leur authenticité. Commelin les publia en 1601, in-8o, et H. Estienne, dans ses Epistolia, etc., en 1577. La vie d’Apollonius a été traduite en français, Berlin, 1774, 4 vol. in-12. L. Dupin avait donné (sous le nom de M. de Clairac) : Histoire d’Apollone de Thyanes, Paris, 1705, in-12[1]. M-d.


APOLLONIUS, philosophe stoïcien, natif de Chalcis, ou, suivant d’autres, de Chalcédon, s’acquit une telle réputation qu’Antonin le Pieux le fit venir à Rome pour lui confier l’éducation de Marc-Aurèle. Le royal disciple profita beaucoup des leçons de son maître, dont il a fait l’éloge dans l’ouvrage qu’il nous a laissé. — Un autre Apollonius, de la secte mégarienne, fut disciple d’Eubulide. Straton l’appelle Cronus Apollonius, et veut que le deuxième nom lui soit venu d’Apollonie sa patrie, et le premier, de l’âpreté de son caractère. — On compte deux autres Apollonius, l’un stoïcien, natif de Nysée et disciple de Panætius ; l’autre péripatéticien et à peu près contemporain d’Adraste. K.


APOLLONIUS, fils d’Archibius, grammairien d’Alexandrie, vivait sous le règne d’Auguste, et Apion fut l’un de ses disciples. Il nous reste sous son nom un lexique des mots d’Homère, publié pour la première fois, en grec et en latin, avec des notes très-étendues d’Ansse de Villoison, sous ce titre : Apollonii sophistæ Lexicon græcum Iliadis et Odysseæ, Lutetiæ Parisior., 1773, 2 vol. in-4o, et réimprimé seulement en grec, avec les notes d’Her. Tollius, Lugduni Bat., 1788, in-8o. Le fond de cet ouvrage peut bien être d’Apollonius ; mais comme il y est cité, évidemment des compilateurs y ont ajouté. C-r.


APOLLONIUS (Citiensis), vivait, suivant Cocchi, vers l’an 70 avant J.-C. Il naquit à Citium dans l’île de Chypre, ainsi que le témoigne Strabon (liv. 14) ; il fut, avec Possidonius, disciple de Zopyre, qui professait la chirurgie à Alexandrie. Il est cité trois fois par Erotien, (pp. 7, 86, 198 : éd. de Franz), et deux fois par Cælius Aurelianus (Morb. chron., l. 1, c. 4 ; ibid., l. 3, c. 4.) Beaucoup de médecins, depuis Hippocrate jusqu’au 3e siècle après J.-C., ont porté le nom d’Apollonius. Galien en cite jusqu’à neuf qui avaient tous écrit, et dont il ne nous est rien resté : A. Claudius ; A. Archistrator ; A. Empiricus ; A. Biblas ; ces deux derniers avaient composé un livre sur les Caractères, qui se trouve dans les Épidémies d’Hippocrate ; A. de Memphis, cité aussi par Erotien (p. 86) : il avait écrit des Définitions médicales et un traité des parties du corps humain ; A. Mas, qui est peut-être le même qu’Apollonius de Citium ; A. Organicus ; A. le Stratonique ; A. de Tharse. Il faut ajouter : A. la Bête, A. le Serpent, et peut-être A. le Vieux, mentionnés par Erotien (pp. 8 et 86) ; A. l’Erasistratéen, dont Oribase a conservé un fragment publié en grec par Matthæi dans son édit. d’orib. (p. 141 à 147) ; A. l’Hippocratique et les deux A. d’Antioche, signalés par Chr.-F. Harless dans ses Anal. hist. de Archigene medico et de Apolloniis medicis, etc., Bamberg, 1816, in-4o. — -C.-G. Kühn, dans ses Add. ad Etench. med. vett. a Fabricio in Bibl. gr., t. 13, p. 17 à 456, Leips.,1826 à 1837, en 31 progr., in-4o, s’est occupé d’Apollonius de Citium. — Suivant M. Littré, Apollonius avait composé un traité en 18 livres contre un ouvrage en 3 livres d’Héraclide de Tarente ; Erotien invoque aussi le témoignage d’Apollonius à propos d’un traité d’Héraclide sur les mots obscurs d’Hippocrate ; il parait, du reste, que le médecin de Citium s’était également occupé de ces mots obscurs, car le même Erotien rappelle une de ses explications. Au dire de Cælius, Apollonius aurait composé un livre de Epilepticis, et peut-être un autre sur les maladies du foie et de la rate. Mais de tous ses ouvrages un seul est arrivé jusqu’à nous, c’est un commentaire sur le traité des Articulations d’Hippocrate, dont le texte grec a été publié pour la première fois intégralement par Dietz, dans ses Schol. in Hipp. et Gal., t. 1er, p. 1-50. Nous reviendrons sur cet important travail aux articles Dietz et Hippocrate. D-b-g.


APOLLONIUS, surnommé Dyscole, à cause de son humeur chagrine, né à Alexandrie, y fleurit vers l’an 138 de J.-C. Il passa sa vie dans le Bruchium, quartier où les gens de lettres étaient logés et nourris aux dépens des rois d’Égypte. Le premier il a réduit la grammaire en système. Il avait fait sur cette science beaucoup d’ouvrages, presque tous perdus ; mais Priscien en a profité dans sa grammaire latine. Il nous reste d’Apollonius un traité sur la syntaxe, en 4 livres, imprimé plusieurs fois. La meilleure édition est celle de F. Sylburg, avec la trad. latine d’Æ. Portus, et des notes, Francofurti ap. Wechel Heredes, 1590, in-4o ; elle est fort rare. On trouve à la fin des Græcæ lingua Dialecti de Maittaire, édition de Reitz, Hagæ Comitum, 1738, et édition de Sturz, Lipsiæ, 1807, des extraits de la grammaire d’Apollonius, que Vossius avait tirés d’un manuscrit de la bibliothèque royale de Paris. Ce manuscrit est beaucoup plus complet que les imprimés, et ce serait rendre un service important que de le faire imprimer avec les autres traités du même auteur qui se trouvent dans différentes bibliothèques. On attribue encore à Apollonius un recueil d’histoires merveilleuses : Historiæ commentitiiæ, dont la meilleure édition est celle qui a été donnée par Meursius, Lugd. Bat., 1620, in-4o, et qui a été réimprimée à

  1. C. L. Blottner (médecin), a publié Der entbloesste Apollonius von Tyana u. s. w., Apollonius dévoilé d’après les nouvelles doctrines magiques, par un ami de la nature Leipsick, 1791, in-8o, avec pl. D-b-g.