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de temps après il peignit la coupole de l’église de St-Celse à Milan, qui est une des plus belles de cette ville. La peinture à fresque ne l’empêcha pas de faire des tableaux à l’huile. Il excellait dans le portrait, dont il faisait souvent des sujets historiques. À l’époque de la conquête de la Lombardie par l’armée française, en 1796, il fut recherche et fêté par tous les officiers généraux. Le général en chef le combla d’honneurs et de distinction, et lui fit donner par le nouveau gouvernement la jouissance gratuite d’une charmante habitation. Quoique Appiani, livré tout entier à sa profession, se mêlât peu de politique, il fut nommé membre de la consulta cisalpine convoquée à Lyon pour offrir à Napoléon la couronne d’Italie. Le gouvernement italien le députa aussi à Paris pour assister au couronnement de Napoléon, qui lui accorda à cette occasion la croix de la Légion d’honneur. Ce ne fut qu’à ses talents et à son mérite personnel qu’il dut sa nomination de membre de l’institut du royaume d’Italie, de correspondant de celui de France, et de presque toutes les académies de l’Europe, et enfin de commissaire général des beaux-arts. À l’époque du couronnement de Napoléon comme roi d’Italie, Appiani fut nommé son premier peintre, et chargé de peindre les fresques du palais de Milan, qui mirent le dernier sceau a sa réputation. Il représenta en bas-reliefs dans la grande salle de ce palais, sur une balustrade de 400 pieds de tour, toute l’histoire du nouveau roi d’Italie, depuis sa nomination de général en chef jusqu’à son couronnement. Ce travail immense a été gravé en partie, d’après l’ordre du gouvernement italien, par les célèbres graveurs Longhi, Rosaspina, etc. Les sujets mythologiques qui décorent les plafonds du palais sont travaillés avec une pureté de dessin, un ton et une chaleur de coloris bien au-dessus des fresques du célèbre Trabatesi, qu’on admire dans le même palais. Outre ces chefs-d’œuvre auxquels Appiani travaillait dans la belle saison, il s’occupait durant l’hiver à peindre des tableaux à l’huile non moins estimés, dont plusieurs ornent la galerie du comte de Sommariva. Les plus beaux font encore partie du cabinet de sa veuve, ainsi que les dessins et les cartons de ses fresques. Au mois de mai 1813, une attaque d’apoplexie vint l’arrêter dans ses travaux, à l’époque la plus brillante de sa carrière. Après avoir langui quelques années dans un état de paralysie, il mourut le 8 novembre 1817, à l’âge de 56 ans. Appiani était aussi distingué par les qualités du cœur et de l’esprit que par ses talents ; bon et généreux, il employait en bienfaits une fortune qui eût été considérable s’il n’avait pas éprouvé de grandes pertes par les changements de gouvernement. L’institut de Milan lui a fait élever, dans le palais de Bréra où il tient ses séances, un monument dont l’exécution fut longtemps retardée par la question de savoir dans quel costume on devait représenter le peintre des Grâces italiennes. Plusieurs projets furent successivement adoptés et refusés ; enfin le monument fut achevé en 1826 ; il représente un groupe de trois Grâces, et il a été sculpté par Thorwaldsen. Le même sujet fut imité par M. Manfredini dans une médaille que l’on distribua le jour de l’inauguration. M. Longhi, l’un des artistes les plus distingués que possède l’Italie, se chargea de prononcer l’éloge d’Appiani, et cet éloge a été imprimé à Milan, 1826, in-fol. Z.


APPIANO (Jacques d’), tyran de Pise. Son père, Jacques d’Appiano, né de basse condition, sur le territoire de Florence, s’était attaché aux Gambacorti, chefs d’un parti dans Pise. Il eut la tête tranchée avec plusieurs d’entre eux, en 1348, par ordre de l’empereur Charles IV. Pierre Gambacorti, rappelé dans sa patrie en 1369, y ramena Jacques d’Appiano, à qui il accordait la plus entière confiance, et il le fit nommer chancelier perpétuel de la république. Appiano, rempli de talents et d’adresse, se rendit maître des principales affaires, et s’assura une foule de créatures indépendantes de celles de son protecteur. Il embrassa le parti gibelin avec un zèle extrême, et contracta une étroite alliance avec Jean Galéas Visconti, seigneur de Milan. Le 21 octobre 1392, Appiano excita un tumulte dans Pise, en faisant massacrer deux de ses ennemis ; Gambacorti, qu’on avait vainement voulu prévenir contre lui, ne pouvait croire à une trahison de son vieil ami ; ils avaient vécu et souffert ensemble, et tous deux avaient déjà passé soixante-dix ans. Gambacorti renvoya donc des partisans qui prenaient les armes pour sa défense. Il demanda une conférence à son ami, et, dès qu’il fut auprès de lui, Appiano le fit massacrer. Les fils de Gambacorti, tous deux blessés, tombèrent au pouvoir d’Appiano, qui les fit empoisonner dans leur prison. Les maisons de tous les amis des Gambacorti furent abandonnées au pillage, et le 25 octobre, le tyran obtint du peuple intimidé le titre de seigneur de Pise. Jacques d’Appiano régna dans Pise, plutôt comme une créature de Jean Galéas, que comme un prince indépendant. Il s’engagea dans toutes ses intrigues contre les Florentins, et attira sur son pays, à plusieurs reprises, les malheurs de la guerre. Cependant son fils aîné, le seul en qui il eût reconnu le talent de gouverner, mourut avant lui, et Jean Galéas voulut, de son vivant même, ôter au second son héritage. Il essaya, le 2 janvier 1398, de faire occuper, par surprise, toutes les forteresses de Pise ; Appiano résista, les soldats du duc de Milan furent dévalisés, et le seigneur de Pise, éclairé sur la perfidie de son allié, fut sur le point d’embrasser le parti des Florentins. Cependant Jean Galéas réussit à l’apaiser. Appiano mourut le 5 septembre de la même année. S. S-i.


APPIANO (Gérard), fils et successeur de Jacques, capitaine et seigneur de Pise. Se sentant mal affermi dans sa domination, il entra aussitôt en négociation avec ses voisins. Il voulut d’abord s’assurer l’alliance des Florentins ; mais il leur demanda de se rendre garants de sa tyrannie, et d’entretenir une garde pour sa défense. Les Florentins rejetèrent ces conditions, qui leur parurent honteuses pour un peuple libre. Alors Gérard d’Appiano se jeta dans les bras du duc de Milan ; il lui vendit la seigneurie de Pise pour le prix de 200,000 florins, se réservant seulement la souveraineté de Piombino et de l’île