Page:Michaud - Biographie universelle ancienne et moderne - 1843 - Tome 2.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
ARA

été d’abord écrit en vieux langage italien, d’où il avait été traduit en espagnol, et plus anciennement en vieux français. G-é.


ARAGONÈSE (Sébastien), dessinateur et antiquaire, descendait d’une famille espagnole qui s’établit vers le milieu du 15e siècle dans le Brescian. Le docteur Labus conjecture, avec beaucoup de vraisemblance, qu’il naquit à Ghedi, gros bourg où l’on voit encore dans l’église les épitaphes de ses ancêtres[1]. Alphonse, son père, avait acquis la réputation d’un peintre habile. À son exemple, Sébastien cultiva d’abord la peinture ; mais, effrayé bientôt des difficultés que présente cet art, et désespérant de les surmonter, il y renonça pour se borner au dessin à la plume, genre dans lequel on lui doit une foule de petits chefs-d’œuvre. Il réussissait surtout à rendre les anciennes médailles. On cite de Sébastien un recueil de seize cents pièces avec les revers, distribuées sur deux cents planches entourées d’arabesques et de cartouches[2] de son invention, du fini le plus précieux. Ottavio Rossi, qui possédait ce recueil, en parle avec une sorte d’enthousiasme dans la notice qu’il a consacrée a l’Aragonese, parmi les Elogi istor. de’ Bresciani illustri, p. 517. Sébastien avait dessiné de la même manière les antiquités, les marbres et les inscriptions qui se trouvaient de son temps à Brescia. Cet ouvrage, que possédait le comte Boari de Ferrare (voy. Tiraboschi, Storia della Letterat. italiana, t. 7, p. 258), est revenu en 1815 à Brescia, où il est conservé dans la bibliothèque Quirinienne. L’Aragonése avait entrepris de le publier. Les planches qu’il grava en 1554, mais dont on ne connaît aucun tirage de cette époque, furent rachetées en 1611 d’un voiturier de Brescia pour quinze scudi, et données à Rossi qui travaillait a l’histoire de cette ville. (Voy. Ottav. Rossi.) Après la mort de Rossi, ces planches restèrent oubliées. Ce n’est qu’en 1778 qu’elles furent retrouvées et placées dans les archives de Brescia. Un amateur en fit tirer alors quelques épreuves pour les distribuer à ses amis. Ce travail est intitulé : Monnumenta antique urbis et agri Brixiani, summa cura et diligentia collecte per une Sabastianum Aragonensem Brixinianum. C’est un grand in-fol. de 34 planches gravées en bois avec des lettres blanches sur un fond noir. Le docteur Labus a donné la description détaillée de ce rarissime opuscule dans une lettre à Millin, insérée dans les Annales encyclopédiques, 1818, t. 2, p. 201-14. Ce savant conjecture que l’Aragonèse mourut vers 1554, date de son ouvrage, qu’il aurait sans doute terminé s’il eût vécu plus longtemps ; mais, suivant Rossi (loco cit.), l’Aragonése vivait encore en 1561, et l’organdi (Abceedario pittorico, 454) lui fait prolonger sa carrière au moins jusqu’en 1567. D’après les calculs du docteur Labus, l’aragonèse n’aurait vécu que 31 ans ; mais il n’est pas vraisemblable qu’il soit mort si jeune. W-s.


ARAIGNON (Jean-Louis), avocat, née à Paris, est auteur d’une tragédie intitulée : le Siège de Beauvais, ou Jeanne Lainé, Paris, 1766, in-8o. Il avait voulu faire pour la gloire de Beauvais ce que de Belloy avait fait pour celle de Calais ; mais il n’eut pas le même succès. Le maire et les échevins de St-Malo furent les seuls qui l’en récompensèrent, en lui décernant un brevet de citoyen de cette ville, et en le gratifiant d’une médaille d’or. Il témoigna sa reconnaissance à ces magistrats en leur dédiant le Vrai Philosophe, comédie en 5 actes et en prose, Paris, 1767, in-8o. La France littéraire de 1778 (t. 3, p. 4 et 224) donne à cette pièce le titre de comédie pour rire. C’est probablement par antiphrase ; car elle est plutôt d’un genre pathétique. Des situations attendrissantes doivent la faire ranger au nombre de ces drames que l’on appelait alors larmoyants. Au surplus, elle partagea le sort du Siège de Beauvais, et ne fut pas représentée. En 1770, Araignon s’était proposé de publier, par souscription, des contes philosophiques en 6 volumes in-12. Il ne parait pas que ce projet ait été exécuté, quoique plusieurs bibliographes mentionnent l’ouvrage comme ayant été imprimé. Araignon avait fait représenter au Théâtre-Italien, en 1756, une parodie de la troisième entrée des Talents lyriques, ou les Fêtes d’Hébé, opéra de Mondorge et de Rameau ; mais cette parodie n’eut aucun succès. L-m-x.


ARAJA (FFrançois), compositeur de musique, né à Naples. Le premier opéra qu’il fit représenter est Bérénice ; il fut exécuté dans le château du grand-duc, près de Florence. Après avoir composé quelques autres ouvrages en Italie, et principalement l’opéra d’Amore par regnante, représenté à Rome en 1731, il fut appelé, en 1735, à Pétersbourg, avec plusieurs chanteurs italiens, et nommé maître de la chapelle impériale. Pendant son séjour en Russie, il fit exécuter sur le théâtre de la cour les opéras italiens d’Abiatare, de Sémiramide, de Scipione, d’Arsace et de Seleueo ; mais l’ouvrage le plus remarquable de ce compositeur est Céphale et Procris, écrit en russe, et qu’on regarde comme le premier grand opéra exécuté dans cette langue. L’impératrice fut si satisfaite de la musique de cet ouvrage, qu’elle fit présent à l’auteur d’une très-belle pelisse en zibeline. Lorsqu’Araja eut amassé de quoi vivre dans l’aisance, il vint terminer ses jours dans sa patrie. P-x.


ARALDI (Michel), physiologiste et mathématicien, naquit à Modène, le 10 février 1740. Avec un esprit vif et pénétrant, il avait reçu de la nature cette force de volonté qui triomphe des obstacles, et cette patience que rien ne peut lasser. Ce fut moins par inclination que pour obéir à ses parents qu’il étudia la médecine, science dans laquelle il devait obtenir des succès si brillants. Il cultivait en même temps les mathématiques et les lettres ; et ses progrès furent si rapides, qu’a dix-huit ans il reçut le laurier dans toutes les facultés. Nommé, deux ans après (1760), à la chaire de physiologie de l’université de Modène, lors de la réorganisation de cette école en 1772, il y joignit celle d’anatomie, illustrée par les premiers travaux de Scarpa ; et dans la suite il fut en

  1. Le docteur Labus place la naissance de Sébastien en 1525 ; mais puisque Sébastien avait un fils en 1558, il faudrait supposer qu’il se fat marié avant l’âge de quinze ans, ce qui, à la rigueur est possible, mais ce qu’on ne doit pas admettre sans preuve.
  2. Le traducteur de la lettre du docteur Lahus. dans les Annales encyclopédiques, a fait de ces deux cents cartouches (carteltoné) deux cents petits châteaux. Voy. p. 208.