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ques de confiance et d’amitié, elle le conduisit jusqu’à Cantorbéry, lui fit des présents considérables, et ordonna à des seigneurs de sa cour de l’accompagner en Flandre et de le recommander en son nom aux états. Élu solennellement souverain des Pays-Bas en février 1582, le duc d’Anjou fut couronné duc de Brabant, comte de Flandre, et installé par le prince d’Orange, qui se contenta du titre de lieutenant général ; mais le duc d’Anjou conçut bientôt le dessein d’usurper une autorité indépendante, et de violer les privilèges d’une nation qui venait de lui en confier la défense. Il fallait s’emparer de toutes les places fortes, et de la personne même du prince d’Orange. L’entreprise réussit d’abord sur quelques villes ; mais elle échoua sur Anvers. Les habitants prennent les armes, se joignent aux troupes du prince d’Orange, repoussent et massacrent les Français ; le duc d’Anjou n’a que le temps de fuir, laissant deux cent cinquante gentilshommes et 1,200 soldats sur la place, et 2,000 prisonniers. Anvers lui ferme le passage de l’Escaut, Malines inonde ses environs, et ce ne fut qu’à travers une immense plaine d’eau que le prince français parvint, à la faveur de mille détours, jusqu’à Ruremonde, où il rallia les débris de son armée. Il en perdit encore une partie à Staemberg, et arriva enfin sur le territoire de France. Catherine de Médicis vint le chercher elle-même pour le ramener à la cour, et le trouva dans une grande agitation d’esprit, causée par la confusion et la honte. Il ne pouvait même souffrir la présence de sa mère, et passa six mois dans une entière solitude. Négligé à la cour parce qu’il était malheureux, on finit par le rechercher, comme étant l’héritier présomptif de la couronne. Le duc de Guise l’attira d’abord dans le parti de la ligue ; ce qui n’empêcha pas le duc d’Anjou de se déclarer contre cet ennemi de sa maison, et d’ajouter à la haine du roi pour les princes lorrains. On remarqua depuis une grande altération dans sa santé ; attaqué par une sorte de phtisie, la violence de la toux lui rompit une veine, et il vomit le sang, ce qui fit trouver quelque conformité entre sa maladie et celle qui avait emporté Charles IX. Il mourut le 10 juin 1584, à 29 ans, laissant pour 500,000 écus de dettes, et le roi aima mieux dépenser 200,000 écus à ses funérailles que de les payer, ce qui fit dire que le duc d’Anjou n’était pleuré que de ses créanciers. B-p.


ANJOU. Voyez Charles, Louis, Marguerite, Marie, Réné, Robert d’.


ANKARCRONA (Théodore), amiral suédois, naquit à Carlscronn en 1687. S’étant appliqué au commerce chez son oncle, établi et Amsterdam, il entra au service de la compagnie hollandaise des Indes occidentales ; mais, dans son premier voyage, il fut pris par un corsaire français. Son goût pour la marine l’engagea à servir sous le chevalier de Forbin ; il passa ensuite en Angleterre, où il parvint au grade de lieutenant de la marine royale. Son intrépidité et ses talents s’étaient montrés dans plusieurs occasions, et il en donna de nouvelles preuves lorsqu’il fut retourné dans sa patrie. Ce fut lui qui fit parvenir heureusement en Allemagne le roi Stanislas et sa famille, lorsqu’à la suite des revers de Charles XII, Auguste eut reconquis la Pologne. En 1715, il conduisit Charles XII lui-même, de Stralsund en Suède, à travers les glaces et au milieu d’une obscurité profonde. Le roi l’avança dans la marine et lui donna des titres de noblesse. Il devint ensuite successivement amiral, gouverneur de la province de Stockholm, commandant de l’ordre de l’Épée, et mourut en 1750, âgé de 69 ans. N’ayant point laissé de fils, ses titres de noblesse passèrent à son frère. C-au.


Voyez Anckarstroem.


ANKWICZ. Voyez Ancwitz.


ANLY (Jean d’), historien, né à Montmédy, florissait vers le milieu du 16e siècle. On conservait de lui, à l’abbaye d’Orval, dans le pays de Luxembourg, un manuscrit in-fol. intitulé : Recueil et Abrégé de plusieurs histoires, contenant les faits et gestes des princes d’Ardennes, etc. ; ensemble une table généalogique de la postérité de Clodion le Chevelu, etc. N-l.


ANNAT (François). On lit dans le Ménagiana que le nom de ce fameux jésuite était Canard, et que, pour éviter les mauvaises plaisanteries, il le latinisa en celui d’Annat. Il naquit à Rodez en 1607, professa la philosophie et la théologie pendant treize ans à Toulouse, et fut appelé à Rome pour y être censeur des livres que publiaient les auteurs de la société, et théologien du général. Il revint en France, et fut successivement recteur des collèges de Montpellier et de Toulouse. Sa province le députa, en 1045, à la huitième congrégation générale des jésuites ; il remplit, sous le général Caraffe, la fonction d’assistant de France, qui lui fut continuée sous Piccolomini. Revenu dans sa patrie avec la qualité de provincial, il fut choisi, en 1654, pour confesseur de Louis XIV, poste qu’il occupa pendant seize ans. L’âge lui ayant affaibli l’ouïe, il se retira de la cour, et mourut quatre mois après, dans la maison professe de Paris, le 14 juin 1670. On remarque à son avantage qu’il n’avait point profité de sa place de confesseur du roi pour avancer sa famille, quoiqu’il eût été fortement sollicité à ce sujet. Le P. Sotwel l’appelle le marteau des hérésies, et surtout de la nouvelle hérésie du jansénisme. Il est vrai qu’après avoir agi puissamment à Rome pour obtenir la bulle d’Innocent X contre les cinq propositions attribuées à l’évèque d’Ypres, il réussit, par le crédit du cardinal Mazarin et de M. de Marca, à faire déclarer, dans l’assemblée du clergé de France, qu’elles sont tirées du livre de cet évêque. Il fut l’àme du parti opposé à Port-Royal et le promoteur de tous les actes d’autorité que fit le gouvernement pour ériger le Formulaire d’Alexandre VII en loi de l’État. Entraîné dans une guerre très-vive avec MM. de Port-Royal, pour se venger des coups que lui portèrent ces célèbres théologiens, il fit déférer et condamner en Sorbonne les deux propositions qui provoquèrent l’expulsion du grand Arnauld de la faculté de théologie ; mais tous ses efforts pour traverser la conclusion de la