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ARI

très-obscènes, et Plutarque raconte que Suréna les ayant trouvés dans le bagage d’un Romain de l’armée de Crassus, les fit voir au sénat de Séleucie, pour le mettre à portée de juger de la dissolution des mœurs des Romains, qui, au milieu même des camps, se livraient à des lectures de ce genre. Sisenna les avait traduites en latin. Apulée, dans sa préface de l’Ane d’or, avertit qu’il va écrire des contes à la Milésiaque. C-T.


ARISTIDE (Ælius), disciple de Polémon, était né à Hadrianes ans la Bithynie, l’an de J.-C. 129. Après avoir fréquenté les écoles des rhéteurs les plus célèbres de son temps, et entrepris plusieurs voyages, poussa ses courses jusque dans l’Éthiopie : il se vantait d’avoir parcouru quatre fois l’Égypte tout entière. Il se fixa enfin à Smyrne, ou son éloquence lui fit bientôt une grande réputation ; mais ce qui contribua le plus à sa célébrité, ce fut le service qu’il rendit a cette ville, presque entièrement renversée, l’an 178 de J.-C., par un tremblement de terre. L’empereur Antonin lui en accorda la restauration ; et la reconnaissance des habitants fut sans bornes. On éleva à Aristide une statue d’airain auprès du temple d’Esculape. Ce rhéteur était fort instruit, écrivait et parlait avec une grâce particulière, mais s’exagérait son mérite comme orateur, au point d’oser lutter avec Isocrate (dans son Panathénaïque) pour l’élégance et la pureté du style ; et avec Démosthène lui-même, pour la force et la véhémence, dans son discours contre Leptine. Il imposa réellement a la plupart de ses contemporains ; mais la postérité a considérablement rabattu de ces éloges outrés, et les juges éclairés ont reconnu que le principal, pour ne pas dire l’unique mérite des cinquante-quatre discours qui nous restent d’Aristide, consiste dans le choix et l’arrangement des mots, vain et frivole artifice qui ne déguise jamais qu’imparfaitement le vide des choses. Les discours d’Aristide ont été publiés pour la première fois, à Florence chez les Junte, 1517, in-fol. ; à Venise, chez les Alde, 1527 ; à Genève, 1604, 3 vol. in-8o, par P. Étienne ; à Oxford, enfin, 1722-30, par Samuel Jebb, 2 vol. in-4o, avec les notes de tous les commentateurs et les corrections de l’éditeur, édition très incorrecte et très-incommode, comme la plupart de celles publiées en Angleterre. À la suite de son édition du Discours de Démosthène contre Leptine, Halle, 1789, in-8o, F.-A. Wolf a publié celui d’Aristide sur le même sujet ; c’est une simple réimpression du texte grec, donné pour la première fois à Venise, 1785, par le savant abbé Morelli. A-D-r.


ARISTIDE (Saint), apologiste de la religion, né à Athènes, fut d’abord philosophe et en garda l’habit, même après avoir embrassé le christianisme. L’empereur Adrien se trouvant à Athènes en 125, Aristide lui présenta lui-même une Apologie pour les chrétiens, afin de faire cesser la persécution qu’on exerçait contre eux dans toute l’étendue de l’empire. Cette Apologie contribua à faire rendre le célèbre édit par lequel l’empereur ordonna de ne faire mourir personne qu’après une accusation et une conviction juridique de son crime, ce qui étant appliqué aux chrétiens leur procura plus de calme qu’ils n’en avaient eu jusque-la. Cet ouvrage, qui fut regardé comme un monument de l’esprit et de l’éloquence de son auteur, est perdu. St. Jérôme, qui l’avait lu, nous apprend qu’il était rempli de passages choisis des philosophes. Adon prétend que cette Apologie se conservait encore de son temps a Athènes. Guillet de St-George assure même, dans son Athènes ancienne et nouvelle, que quelques caloyers se vantent de la posséder dans la bibliothèque du monastère de Medelli, a 0 milles d’Athènes. T-d.


ARISTIDE QUINTILLIEN vivait, a ce qu’on croit, vers le commencement du 2e siècle de notre ère, un peu avant Ptolémée. Nous avons de lui trois livres sur la musique, dont la meilleure édition est celle que Marc Meibom a donnée en grec et en latin, avec ses notes, dans le recueil intitulé : Antiquæ musicæ Auctores, Amstelodami, L. Elzevir, 1652, in-4o. Aristide ne s’appesantit point, dans ce traité, sur la partie technique de la musique, mais sur la partie morale. Il est étonnant que cet ouvrage, plein de sages principes, d’esprit et de grâce, n’ait pas trouvé un traducteur français. C-r.


ARISTIDE de Thèbes, peintre, fut élève d’Euxénidas, et vécut vers la 110e olympiade, 540 ans avant J.-C. Il fut le premier qui sut donner de l’expression aux figures, et y retracer le caractère des passions et les mouvements de l’âme. Son chef-d’œuvre était un tableau représentant le sac d’une ville ; on y voyait une mère blessée et mourante, ayant près d’elle son enfant qui cherchait encore la mamelle ; les traits de cette femme exprimaient l’inquiétude qu’elle éprouvait que l’enfant ne suçât le sang dont elle était baignée. Alexandre fit transporter ce tableau à Pella. Aristide peignit pour Mnason, tyran d’Elatée, un combat livré aux Perses, et ce tableau lui fut payé à raison d’une mine par figure ; il y en avait cent. Pline cite en détail les principaux ouvrages d’Aristide ; une grande partie fut détruite à la prise de Corinthe par les Romains. Polybe rapporte que les tableaux étaient jetés pêle-mêle, et que les soldats jouaient aux dés dessus, sans en connaître le prix. Le roi Attale ayant aperçu, lors de la vente du butin, un tableau de Bacchus, de la main d’Aristide, le paya 6,000 sesterces. Ce prix fit soupçonner au consul Mumrnius le mérite de l’ouvrage ; il le retira des mains d’Attale, et le porta à Rome, où l’on n’avait point encore vu de peinture étrangère. Un autre tableau du même artiste fut brûlé à Rome dans l’incendie du temple de Cérés. Aristide, en mourant, laissa imparfaite une Iris que personne n’osa terminer. Ses principaux élèves furent Euphranor, Antorides, et ses propres enfants, Nieéros et Aristippe : ce dernier avait peint un Satyre avec une coupe sur la tête. On croit aussi qu’Aristide avait connu la peinture a l’encaustique. — Pline parle d’un autre Aristide, peintre, élève de Nicomaque. — Il y a eu encore un statuaire de ce nom, élève de Polyclète, et qui excellait à représenter des chars al deux et a quatre chevaux ; il était de Sicyone, et vivait dans la 87e olympiade, 432 ans avant J.-C. — Pausauias cite aussi un Aristide,