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ARI

St. Jean Chrysostome, s’il était vrai qu’il eût toujours les comédies d’Aristophane sous son chevet ; mais Aide Manuce est le seul qui le dise, et la pureté des mœurs de St. Jean Chrysostome ne permet pas de croire qu’il se plût à la lecture d’un poëte aussi licencieux. Il ne nous reste que onze comédies d’Aristophane, qui ont été imprimées un grand nombre de fois. Les meilleures éditions sont les suivantes : 1° avec la traduction latine, Amsterdam, 1670, in-12 ; 2° avec la traduction latine, les scolies grecques, les notes de divers savants, et celles de Lud. Kuster, Amsterdam, 1710, in-fol. ; 3° avec les notes de Berglrr, Amsterdam, 1760, in-4o, 2 vol. ; 4° avec les notes de Brunck, Strasbourg, 1783, in-8o, 3 vol., quelquefois en 4 ; 5° celle d’Invernizi, d’après un manuscrit du 10e siècle, trouvé à Ravennes, Leipsick, 1794, in-8o, 2 vol. On aurait su beaucoup plus de gré à Beck, éditeur de cet ouvrage, s’il avait publié le scoliaste grec, qui est absolument nécessaire pour intelligence des comédies d’Aristophane, au lieu de nous donner, dans un énorme volume in-8o qui a paru en 1809, tous les commentaires sur le Plutus. On a publié à Leipsick, en 1804, un premier volume d’Aristophane, contenant le Plutus, avec un commentaire peu important de J.-F. Fischer. Mais cette édition n’a pas été continuée. Parmi les éditions de pièces détachées d’Aristophane, on doit remarquer le Plutus, avec les scolies grecques et les notes de Tib. Hemsterhuis, Harlingue, 1743, in-8o, et les Oiseaux, avec les notes de Beck, Leipsick, 1782, in-8o. Traductions françaises : 1° du Plutus et des Nuées, par madame Dacier, Paris, 1684,1692 ; 2° des Oiseaux, par Boivin ; 3° d’une grande partie des Guêpes, par Geoffroi, dans son édition de Racine, Paris, 1808 ; 4° du théâtre complet, par Poinsinet de Sivry, 1784 ou 1790, 4 vol. in-8o ; quelques pièces sont traduites en vers, quelques autres en prose ; 3° du théâtre complet, en prose, par A.-Ch. Brottier, neveu de l’éditeur de Tacite ; t. 10 à 13 de la nouvelle édition du Théâtre des Grecs ; 6° Lisistrata, opéra d’Hoffmann ; 7° du théâtre complet, par M. Artaud, inspecteur général des études, Paris, 1830, 6 vol. in-8o ; réimprime en 2 vol. dans la Bibliothèque Charpentier, 1 vol. in-12. C-r.


ARISTOPHANE, célèbre grammairien, né à Byzance, étudia sous Callimaque et sous Zénodote, vers l’an 198 avant J.-C.[1], et vint à Alexandrie, où se trouvaient le plus de ressources pour ceux qui se livraient à la grammaire et à la critique. Il est souvent cité par les scoliastes des anciens poètes. Si l’on en croit Vitruve, Aristophane obtint de la manière suivante la place de surintendant de la bibliothèque d’Alexandrie. Ptolémée Physcon, qui régnait alors en Égypte, employait toutes sortes de moyens pour augmenter sa bibliothèque ; il accordait des honneurs et des récompenses aux écrivains, et voulait qu’il y eût sept juges pour décider du mérite des ouvrages. On n’en trouva que six parmi les gens de lettres qui étaient alors à Alexandrie. Ces six juges proposeront au roi de s’adjoindre Aristophane, qui était occupe continuellement à lire les livres de la bibliothèque : le roi y consentit. Les poètes lurent les premiers leurs ouvrages. Six juges avaient déjà décidé en faveur de quelques-uns pour qui le peuple avait témoigné du penchant ; mais Aristophane accorda le premier prix à un poëte qu’on n’avait presque pas daigné écouter ; il soutint qu’il était le seul qui eut réellement composé ses ouvrages, et que tous les autres n’étaient que des plagiaires. Il les en convainquit publiquement, ayant fait apporter de la bibliothèque des livres où il montra les endroits qu’ils avaient pillés. Ce jugement d’Aristophane fut une preuve de sa capacité, et lui mérita la place de surintendant de la bibliothèque. Ce même Aristophane est cité comme ayant partage les Dialogues de Platon en trilogies. C-r.


ARISTOTE, philosophe, naquit à Stagyre, ville de Macédoine, la première année de la 99e olympiade (384 avant J.-C.). Nicomachus, son père, descendait de Machaon, fils d’Esculape. Phaestis, sa mère, appartenait aussi à des parents illustres. La médecine était une profession héréditaire dans la famille des Asclépiade, et le père d’Aristote s’y était livré avec succès. Il avait même laissé quelques ouvrages sur cette science, et ses connaissances l’avaient fait appeler a la cour d’Amyntas III, roi de Macédoine, père de Philippe et aïeul d’Alexandre. Il destina son fils à la même carrière, et le dirigea lui-même dans l’étude de la médecine et dans celle de la philosophie. qui en était déjà la compagne inséparable, comme le prouvent les ouvrages d’Hippocrate. On ne sait jusqu’où Aristote porta ses études en ce genre ; mais on voit par ses Problèmes, et quelques autres écrits, qu’il aurait obtenu de grands succès dans cette science, s’il avait voulu s’y livrer uniquement. Ce fut sans doute à cette première éducation qu’il dut le goût qui se développa chez lui, dans la suite, pour l’histoire naturelle, dont il fut le créateur, puisqu’il est le premier qui ait fait des observations exactes. Ayant perdu son père et sa mère à l”âge de dix-huit ans, il alla d’abord à Atarné, auprès de Proxénus, ami de sa famille ; après y avoir demeuré peu de temps, il se rendit à Athènes, pour y entendre Platon, dont l’école était alors très-renommée. Quelques auteurs prétendent que, dans sa première jeunesse, il avait dissipé sa fortune, et qu’il fut obligé d’embrasser l’état de pharmacien à Athènes ; mais ce fait, rapporté dans une lettre d’Épicure, qui est évidemment supposée, ne mérite aucune croyance. Il est cependant possible qu’il ait exercé la profession de médecin à Athènes, et qu’il ait vendu des remèdes comme le faisaient tous les anciens médecins, ce qui n’avait rien de déshonorant. Aristote resta, pour cette première fois, vingt ans à Athènes, et ne se borna point a suivre, pendant un si long espace de temps, les leçons de Platon ; car Cicéron, et plusieurs autres auteurs, disent qu’il

  1. Callimaque, qui eut pour disciples Eratosthène et Apollonius de Rhodes, nés l’un et l’autre vers 276 avant J.-C.. était mort des les premières années du règne de Ptolémée Evergète (247-222) ; il est donc impossible qu’Aristophane de Byzance, qui vivait sous le règne de Ptolémée Physcon (146-117), ait reçu les leçons de Callimaque. C-W R.