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langue anglaise. Les gens de goût le mettent au nombre des ouvrages classiques de cette langue. L’auteur, au jugement de ses compatriotes, écrit avec chaleur, et joint l’énergie de la pensée à la clarté et à l’élégance du style. Il ne croit pas, comme la plupart des poètes anglais, que le langage poétique consiste dans les inversions forcées, les images bizarres ou les constructions inusitées. L’Art de conserver la santé a été très-souvent réimprimé, soit séparément, soit dans différentes collections. Armstrong était d’un naturel indolent et mélancolique, et portait dans la société une habitude de taciturnité et une susceptibilité de caractère qui nuisirent à sa fortune comme à sa réputation. Il obtint en 1760 la place de médecin de l’armée d’Allemagne, qu’il exerça jusqu’à la paix de 1763, époque où il revint à Londres. Il fit en 1771 un voyage en France et en Italie, dont il a donné une courte relation, en se déguisant sous le nom de Lancelot Temple. Outre les ouvrages dont nous avons fait mention, on a de lui un poëme sur la bienveillance, 1751 ; le Gout, épître à un jeune critique, 1753 ; Essais sur différents sujets, en prose, publiés sous le nom. de Lancelot Temple, en 1758 ; le Jour, poème ; Essais de médecine, et quelques autres écrits. Il mourut en 1779. S-d.


ARMSTRONG (Jean), médecin anglais, né en 1784, exerça d’abord la médecine à Sunderland, où il eut peu de renommée. Il vint s’établir à Londres au commencement de 1818, sans y avoir presque aucune recommandation, et cependant il y acquit en peu de temps une grande réputation. À la vérité son traité du typhus récemment publié l’avait fait connaître avantageusement. Il fut d’abord nommé médecin d’un hôpital spécialement consacré aux maladies fébriles contagieuses. Sa clientelle s’étendit bientôt, et devint considérable et lucrative. Il donna des leçons de médecine, qu’il rendit très-brillantes par son éloquence, et qui attirèrent un grand concours d’auditeurs. Elles ont été publiées il y a quelques années. Armstrong enseigna en Angleterre une nouvelle doctrine médicale qui a des rapports avec celle de Broussais. Il regarde l’état inflammatoire comme étant la cause de presque toutes les maladies, et se, montre grand partisan de la saignée, qu’il recommande comme devant être faite souvent jusqu’à défaillance. Ses préceptes sur l’emploi du caloménas sont loin d’être aussi exclusifs que ceux des autres médecins anglais. Il avoue que ce remède, administré sans les précautions convenables, peut causer les accidents les plus funestes et même la mort. Au reste, ses opinions ont souvent changé. Comme ses doctrines étaient opposées à celles de plusieurs de ses compatriotes, il eut beaucoup d’ennemis. Armstrong était au comble de ses succès, lorsqu’il éprouve les premiers symptômes d’une phthisie pulmonaire qui dura huit mois, et à laquelle il succomba le 12 décembre 1829, âgé de 46 ans. Ses principaux ouvrages sont : 1° Practical Illustrations of typhus, and other febrile diseases (Traité pratique sur le typhus et autres maladies fébriles), Londres, 1717, in-8o. Ce traité a eu plusieurs éditions. Il a été traduit en allemand par E.-G. llühn, Leipsick 1821 in-8o. L’auteur recommande la saignée dans le typhus, mais avec des restrictions. 2° Practical Illustrations of the scarlet fever (Traité pratique de la fièvre scarlatine), Londres, 1818, in-8o. 3° The morbid Anatomy of the bowels, etc. (Anatomie pathologique des intestins, du foie, de l’estomac, éclaircie par une série de planches, etc.), Londres, 1828, in-4o. On trouve une notice historique sur ce médecin dans le journal anglais intitulé Medico-chirurg. Review, janvier 1830. — Un autre Armstrong fut médecin de l’hôpital des Enfants-Trouvés à Londres, et publia sur leurs maladies un ouvrage estimé dont Lefebvre de Villebrune a fait usage dans sa traduction du Traité des maladies des enfants du premier âge, Paris, 1786, in-8o. G-T-R.


ARNALDO (Pierre-Antoine), né en 1638, à Villefranche, comté de Nice, alla, à l’âge de dix-sept ans, étudier la théologie au collège de Brera, à Milan ; il y fut reçu docteur, et devint protonotaires apostolique. On a de lui, outre quelques ouvrages de piété : 1° un Discours sur l’inauguration du pape Alexandre VII, et un Éloge de l’évêque de Nice ; 2° Honorato II, principi Monacæo, etc., poeticæ Gratulationes, Milan, in-4o ; 3° la Gloria vestita a tutto per la morte di Carlo Emmanuelle II, duca di Savoia, Turin, 1676, in-4o : c’est un poëme en octaves ; 4° il Giardin del Piemonte oggi vivente nell’ anno 1673, diviso in principi, dame, prelati, abati, cavalieri, ministri, etc., Turin, 1683, in-8o. C’est un recueil de sonnets, d’odes ou canzoni, à la louange des personnages les plus illustres de la cour de Turin de ce temps-là. G-é.


ARNAUD DE CARCASSÈS. Il nous reste de ce troubadour une pièce d’environ trois cents vers, intitulée le Perroquet. Ce petit poëme parait avoir joui d’une grande et longue célébrité au moyen âge ; il rentre dans le genre des novelles ; la forme est celle des fabliaux : « L’esprit brillant de la chevalerie s’y confond, dit Raynouard, avec le goût anacréontique des fictions extravagantes de l’Orient. » Ce conte fantastique développe une pensée dont le sens moral est très-équivoque. Une dame, confinée par son mari, fort amoureux et fort jaloux, dans un jardin entouré de hautes murailles, se laisse prendre aux discours séducteurs d’un perroquet envoyé par le prince Antiphanore. Un rendez-vous est accordé. L’oiseau, du consentement de la dame, met le feu grégeois aux quatre coins du château, et son maître s’introduit dans le jardin à la faveur du désordre occasionné par l’incendie. « C’est Arnaud de Carcasses qui a écrit ceci, ajoute l’auteur, lui qui a si souvent sollicité les dames. Il a voulu châtier les maris qui croient pouvoir séquestrer leurs femmes, et montrer qu’il vaudrait mieux les laisser agir selon leur volonté. » La vie d’Arnaud de Carcassès ne nous est pas connue. On suppose qu’il mourut au retour de la dernière croisade, vers 1270, C. W-r.


ARNAUD DE MARVEIL, ou ARNAUT, troubadour du 12e siècle. Né de parents pauvres, il fit des efforts pour s’élever au-dessus de leur basse condition. Après avoir exercé quelque temps l’état