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vessie, en anglais, Londres, 1763, in-8o ; en français, Amsterdam, 1764, in-12 ; 4° Dissertation sur les hermaphrodites, 1765, in-8o ; 5° A discourse on the importance of anatomis, Londres, 1767, prononcé dans une séance académique ; 6° Mémoires historiques sur l’étude de la chirurgie et de la médecine en France et en Angleterre, Londres et Paris, 1768, 2 vol. in-4o, avec la vie du docteur Hunter ; 7° Remarques sur la composition, l’usage et les effets de l’eau végéto-minérale de Goulard, Londres, 1771. Il y a une édition complète de tous ces ouvrages traduits en français, 2 vol. in-4o. Arnaud vivait dans le temps de la splendeur de l’académie de chirurgie, et partagea le mouvement heureux que cette compagnie imprimait à tous ceux qui cultivaient cette science. C. et A-n.


ARNAUD (François), né à Aubignan, près de Carpentras, le 27 juillet 1721, s’engagea dans l’état ecclésiastique, vint à Paris en 1752, et fut, en 1762, reçu à l’académie des inscriptions et belles-lettres. Il fut, pendant quelque temps, attaché au prince Louis de Wurtemberg, depuis souverain de ce duché, mais alors attaché au service de France. L’avocat Gerbier, son ami, ayant, en 1765, gagné une cause importante pour le clergé de France contre l’ordre des bénédictins, demanda pour prix de ses travaux, et obtint pour l’abbé Arnaud, l’abbaye de Grandchamp. À peine entrait-il dans son abbaye, qu’un curé vint lui demander le paiement d’une portion congrue ; l’abbé veut d’abord se défendre ; mais, touché de l’indigence du curé, il cherche des titres contre lui-même, les remet à son adversaire, et parvient ainsi à faire établir son droit en sa faveur. Reçu à l’Académie française, le 13 mai 1771, Arnaud obtint, par la suite, la place de lecteur et bibliothécaire de Monsieur, et la survivance de la place d’historiographe de l’ordre de St-Lazare. Il mourut à Paris, le 2 décembre 1781, et fut remplacé a l’Académie française par Target. L’abbé Arnaud fut un homme instruit, et doué d’un sentiment vif pour les beaux-arts ; mais le goût du monde et un peu de paresse l’ont empêché de développer tous ses talents. Il parlait mieux qu’il n’écrivait, ce qui explique pourquoi il obtint plus de succès dans les salons que dans la république des lettres. D’Arnaud avait d’abord écrit contre les philosophes une lettre à Fréron, que Palissot qualifie de sermon ; mais il passa ensuite dans le camp de ceux qu’il avait d’abord combattus. Lorsque le parti des gluckistes et celui des piccinistes se furent formés sous les drapeaux opposés de l’abbé et de Marmontel, les deux académiciens soutinrent cette guerre par un feu roulant d’épigrammes et de satires. Marmontel composa contre Amand le poëme de Polymnie, où le défenseur de Gluck était fort maltraité. Morellet convient même dans ses Mémoires que Marmontel a fait Arnaud plus noir qu’il n’était. Une des meilleures épigrammes qui aient été aiguisées pour cette lutte est celle où, se moquant de la prétention qu’avait son adversaire de posséder le secret des vers de Racine, Arnaud dit :

Jamais secret ne fut si bien gardé.

Suard, dans une lettre qu’il écrivit à l’éditeur des œuvres de l’abbé Arnaud, et qu’il fit imprimer en 50 pages in-8o, donne des détails intéressants sur sa liaison avec cet aimable littérateur, liaison qui dura plus de vingt-trois ans, sous le même toit, sans être troublé, dit-il, par aucun nuage. On y lit aussi des anecdotes et des jugements sur plusieurs de leurs contemporains, tels que Laharpe, Marmontel, Gluck, Vten et Carle Vanloo. On a de l’abbé Arnaud une Lettre sur la musique, au comte de Caylus, 1754, in-8o. Cette brochure, qui commença sa réputation, n’était que le prospectus d’un grand ouvrage sur la musique des anciens, « qu’il avait, disait-il, médité au fond de la province, dans les ombres du cabinet et le silence de la réflexion, » mais que l’auteur n’a ni terminé, ni même, à ce qu’il parait, commencé sérieusement : il ne travailla le reste de sa vie que par morceaux détachés, et à mesure que les sujets se présentaient. Ardent admirateur de Gluck, l’abbé Arnaud fit, à l’occasion des querelles qui s’élevèrent en 1777 sur la musique, imprimer, dans le Journal de Paris, un assez grand nombre de morceaux en faveur du musicien allemand. Il a été, avec son ami Suard, éditeur de l’Histoire ancienne des peuples de l’Europe, par du Buat, 1772, 12 vol. in-12. Voici l’indication des ouvrages auxquels il a coopéré : 1° Journal étranger, avec Suard, de janvier 1760 à mars 1762. La collection complète de ce journal, depuis 1754, forme 45 vol. in-12. Les deux amis abandonnèrent cette entreprise pour se charger de la rédaction de la Gazette de France. 2° Gazette littéraire de l’Europe, 1764-1766, 8 vol. in-8o, avec Suard. 3° Variétés littéraires, ou Recueil des pièces tant originales que traduites, concernant la philosophie, la littérature et les arts, 1768-1769, 4 vol. in-12 ; c’est un choix fait par Arnaud et Suard des meilleurs morceaux qui avaient paru dans le Journal étranger et dans la Gazette littéraire. 4° Description des principales pierres gravées du cabinet du duc d’Orléans, 1780, 2 vol. in-fol. Le 1er volume est de l’abbé Arnaud[1]. 5° Des dissertations dans les Mémoires de l’académie des inscriptions et belles-lettres. Les opuscules de l’abbé de Grandchamp ont été recueillis presque en entier, et publiés par M. Léonard Boudou, sous le titre d’Œuvres complètes de l’abbé Arnaud, 1808, 3 vol. in-8o ; ils sont incorrectement imprimés ; mais, quoi qu’en dise le Dict. hist. des musiciens, on y trouve la Soirée perdue á l’opéra, etc. La plupart de ces opuscules, comme l’a remarqué Ginguené, sont, sans que l’auteur en ait averti, imités ou traduits de Carlo Dati, du Quadrio, de l’abbé Conti, etc. Malgré quelques erreurs, malgré quelques constructions irrégulières, quelques-unes des productions littéraires de l’abbé Arnaud lui méritent une place parmi nos écrivains distingués. La compilation publiée sous le titre de : Mémoires pour servir à l’histoire de la révolution opérée dans la musique par le chevalier

  1. Le second, rédigé par Coquille. conservateur de la bibliothèque Mazarine, est attribué par Barbier aux abbés Leblond et de Lachaux, dont les noms se trouvent au bas de l’épître dédicatoire.