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à Arnold comme logicien et comme historien, et trop peu ce qui enflammait l’homme uniquement occupé des progrès de la piété. Voy. Instit. Hist. eccles. sæc. 48, sect. 2, part. 2, ch. 1, vol. 32, p.948 et suiv. Ce serait faire tort à Arnold que de le confondre avec les fanatiques ignorants qu’il s’est plu à vanter. Il avait fait d’excellentes études, et connaissait bien toutes les sources de l’érudition. Son Tableau de la Foi et de l’Amour des premiers chrétiens (Francfort-sur-le-Mein, 1690, in-fol., et pour la sixième fois, Leipsick, 1740, in-4o) peut être taxé de partialité ; mais on doit y reconnaître des recherches savantes et une sagacité rare. Les mêmes défauts et les mêmes qualités se font remarquer dans son Historia et Descriptio theologia mysticæ, seu theosophiæ arcanæ et reconditæ, itemque veterum et novorum mysticorum, Francfort, 1702, in-8o. On peut faire des reproches plus graves à son Tableau du Christianisme intérieur (en allem.), Francfort, 1709, in-4o, et réimprimé plusieurs fois depuis. C’est tout simplement une exposition de son système mystique, bien que l’exaltation s’y fasse moins apercevoir que dans la Sophia que nous avons déjà citée. Parmi ses nombreux ouvrages, on remarque encore : 4o  Christianorum ad metalla damnatorum Historia, que l’illustre Chrétien Thomasius, ami zélé d’Arnold, auquel il fournit beaucoup de matériaux pour son Histoire des hérésies, a insérée dans son Historia sapientiæ et stultitiæ, t. 3, art. 7. 2o  Sa vie a été écrite par lui-même, en allemand, Leipsick, 1716, in-4o ; et en latin, par Jean-Christophe Coler, Wittenberg, 1718, in-8o. S-r.


ARNOLD (Christophe), paysan de Sommerfeld, dans les environs de Leipsick, vécut et termina sa vie dans son village. Il fit des progrès en astronomie tels, que ses observations de la comète de 1683, de celle de 1686, et du passage de mercure en 1690, attirèrent l’attention des astronomes. Les magistrats de Leipsick lui donnèrent plusieurs marques de considération ; son portrait est à la bibliothèque du conseil de cette ville. Christophe Arnold naquit en 1650, et mourut en 1697, après avoir fait de nombreuses observations astronomiques et météorologiques, dont une partie fut, par lui, remise a l’astronome Godefroi Kirck, et reste déposé dans la bibliothèque de Leipsick. S-r.


ARNOLD (Samuel), musicien organiste, et compositeur de la cour du roi d’Angleterre, né en Allemagne, et mort à Londres, le 22 octobre 1802, à l’âge de 63 ans. Il a donné sur les théâtres de cette ville un très-grand nombre d’ouvrages, dont quelques-uns sont conservés. On estime surtout son oratorio de la Guérison de Saül, exécuté en 1767, et celui de la Résurrection, exécuté en 1770. Ces deux ouvrages eurent le plus brillant succès ; les chœurs du premier sont regardés comme ce qu’Arnold a produit de plus beau. Il a en outre publié, à diverses époques, quinze volumes d’ariettes, de canons, de sonates, d’ouvertures et de concertos pour le clavecin. Il était un des disciples et des admirateurs de Haendel. Il se chargea, en 1786, de l’édition des ouvrages de ce célèbre compositeur, arrangés pour le clavecin. Les opéras italiens de Haendel ne font point partie de ce magnifique recueil. P-x.


ARNOLD (Benoît), l’un des généraux les plus célèbres de l’armée américaine, pendant la guerre de l’indépendance des États-Unis, faisait, avant cette époque, le commerce des chevaux. Il embrassa avec ardeur le parti de la révolution. Son audace le fit distinguer, et il ne tarda pas à être nommé colonel, se trouva à la prise du fort Ticondéroga, et lit partie, peu de temps après, de l’expédition du Canada. Sa marche, dans le cours de l’hiver, à travers les montagnes inhabitées du Maine, est une des entreprises les plus hardies que jamais chef militaire ait tentées. Il commandait un détachement de l’armée du congrès qui donna l’assaut à Quebec, dans les derniers jours de 1775. Arnold fut blessé dans cette occasion, et obligé de se retirer du combat. Par suite de sa blessure, et par la mort de Montgommery, l’assaut n’eut point de succès. Dans un combat naval qu’il livra aux Anglais, sur le lac Champain, il soutint sa réputation militaire ; et il fit, sous les ordres de Gates, des prodiges de valeur dans deux batailles sanglantes, que celui-ci livra au général anglais Burgoyne sur les bords de la rivière du Nord, en 1777. On lui doit, en grande partie, le succès de ces deux journées, qui obligèrent toute l’armée anglaise à mettre bas les armes. Arnold fut nommé commandant de Philadelphie, lorsque les Anglais eurent évacué cette place, en 1778 ; mais ce fut alors qu’il commença à se faire remarquer par une conduite qui contrastait vivement avec les mœurs de son pays et avec les circonstances on se trouvait sa patrie. Il faisait tous les jours une dépense énorme en dîners, en bals, en concerts, et montrait une insolence à laquelle on n’était pas accoutumé, témoignant les plus grands mépris pour l’autorité civile. Ses dettes s’accumulèrent et il fut accusé de péculat par l’assemblée de Pensylvanie. On le condamne à être réprimandé par le général Washington. Son âme altière ne put supporter un pareil affront : ce fut alors qu’il forma le projet de trahir sa patrie et de se vendre aux Anglais. Il demanda et obtint le commandement du poste important de West-Point, situé dans le voisinage de New-Yorck, quartier général de l’armée anglaise. Une correspondance s’établit bientôt entre lui et le général anglais Clinton, par l’intermédiaire du major André, aide de camp de ce dernier. André lui-même vint trouver Arnold à West-Point : le projet était de livrer cette place aux Anglais, et de faire prendre au corps d’armée commandé par Arnold une position telle, que l’armée anglaise pût le surprendre, le faire prisonnier, et s’emparer de toutes ses armes et de ses munitions ; mais le major André fut arrêté en retournant à New-Yock, et la trame découverte ; Arnold, ayant eu le temps de se sauver auprès de Clinton, publia deux manifestes, et attribue son changement d’opinion à la déclaration de l’indépendance et à l’alliance avec la France, quoiqu’il eût continué à servir sous les drapeaux du congrès longtemps après ces deux événements. Il fut nommé major général dans l’armée anglaise ; mais il ne fit plus la guerre qu’en brigand ; il brûla