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articles au Magasin Encyclopédique, à la Thémis, etc. L-m-x.


ARNOLDI (Jean de), né à Herborn, le 30 décembre 1751, fils de Valentin Arnoldi, conseiller supérieur du consistoire et bibliothécaire de l’académie de Herborn. Sa mère était fille de l’orientaliste Albert Schultens, de Leyde. Il montra de bonne heure de grandes dispositions, et son goût pour l’histoire fut entretenu par son père, qui lui-même avait des connaissances étendues dans cette partie. Très-jeune encore, Arnoldi se crut destiné à l’état militaire. Un vieil oncle qui était au service de Hollande fortifiait ce penchant, que venait augmenter la vue des troupes qui pendant la guerre de sept ans séjournèrent à Herborn. Le grand Frédéric était son héros de prédilection, et combattre avec les soldats de ce monarque fut le but de tous ses désirs. Mais la paix vint refroidir ces dispositions guerrières, qui furent bientôt remplacées par un amour exclusif pour les livres et pour l’étude. À peine âgé de seize ans, Arnoldi fut admis au nombre des académiciens de sa ville natale. Après avoir profité pendant quatre ans des leçons des meilleurs maîtres, il passa deux ans et demi à l’université de Goettingue. De retour a Herborn, et après avoir pratiqué la jurisprudence sans y prendre beaucoup de goût, il obtint la place de secrétaire de la régence. En 1774, il fut nommé auditeur à la chambre des comptes, et remplit, en 1792, les mêmes fonctions près de la régence. La guerre de la révolution ayant éclaté, il fut chargé par son souverain de toutes les affaires militaires, et reçut à cet effet des pouvoirs illimités. Ses fréquents voyages dans l’intérieur et hors du territoire, ses relations avec des personnages distingués de différentes nations, le mirent souvent à même de rendre de grands services a son pays, et d’adoucir les charges qu’une guerre longue et désastreuse fit peser sur ses habitants. Avant que le système des réquisitions se fut introduit dans les armées d’Allemagne, on voyait souvent Arnoldi revenir avec de fortes sommes qu’il avait obtenues en indemnité pour son pays. Dans un de ces voyages, le hasard lui procura le bonheur de sauver la vie au conseiller de justice Boettcher, littérateur distingué, arrêté par les troupes autrichiennes et soupçonné d’espionnage, Boettcher allait être pendu, lorsqu’Arnoldi se présente, et, répondant de son ami, obtient sa liberté. En 1797, le congrès de Rastadt venait de commencer ses opérations. Par suite de la révolution des Pays-Bas, la maison d’orange avait non-seulement perdu le stathoudérat, mais aussi les nombreux domaines des ancêtres de Guillaume V. Arnoldi, qui, l’année précédente, avait été nommé directeur des archives à Dillenbourg, fut chargé de rédiger une demande d’indemnité que l’on envoya au ministre de la maison d’Orange prés du congrès. Cette demande, accueillie d’abord, n’eut cependant aucun succès, puisque le congrès fut dissous. Ce ne fut qu’en 1801, lors du traité de Lunéville, que les réclamations de la maison d’Orange, fortement appuyées par le cabinet de Berlin, furent prises en considération. Arnoldi séjourna pour cet objet pendant un an dans la capitale de la Prusse, et il profita de quelques moments de loisir pour s’y livrer à des travaux littéraires. Le siége de la commission d’indemnité ayant été transféré à Paris, il quitta Berlin, et retourna dans sa famille avec le titre de conseiller intime de légation. En 1802, il fut envoyé par Guillaume et par le prince héréditaire auprès de leur député qui siégeait au congrès de Ratisbonne. La devait s’opérer de grands changements dans tout l’empire ; Arnoldi s’acquitta de sa mission à la satisfaction de ses commettants, et se remit en route à la fin de l’année pour retourner à Dillenbourg ; mais, en passant à Fulde, il y vit le nouveau prince Guillaume-Frédéric, qui lui proposa d’entrer à son service. Arnoldi accepta et fut attaché au cabinet de ce prince. En 1805, Guillaume-Frédéric ayant supprimé la commission des conférences, la remplaça par un ministère sous la dénomination de collége du conseil privé. Arnoldi en fit partie, et fut l’un des membres titulaires qui eurent droit de prendre le titre d’excellence. La guerre qui éclata dans la même année entre la France et l’Autriche, la bataille décisive d’Austerlitz, les rapports équivoques qui régnaient entre la France et la Prusse, tout menaçait encore une fois l’Allemagne de grands changements. On devait surtout s’attendre que ces changements atteindraient la maison d’Orange, si étroitement liée avec la Prusse : ce que l’on redoutait arriva. La bataille d’Iéna décida du sort de cette puissance. Arnoldi, ayant trop de répugnance à servir sous Napoléon, refusa de faire partie du conseil privé qui alors gouverna pour le compte de la France. Il mit en sûreté les papiers de son prince, quitta Fulde, et se rendit à Francfort, d’où il envoya sa démission. Après la paix de Tilsitt, si funeste à la Prusse et à la maison d’Orange, Arnoldi alla rejoindre son prince à Berlin, et il remplit encore plusieurs missions ostensibles et secrètes. En 1809, pendant que la France et l’Autriche étaient en guerre, des tentatives furent faites pour soulever plusieurs parties de l’Allemagne, et particulièrement la Wesphalie. Arnoldi fut l’un de ceux auxquels on confia le soin de préparer et de diriger ces soulèvements, et il reçut toute espèce de pouvoirs du prince d’Orange, qui y joignit plusieurs traités sur un banquier de Francfort, pour les dépenses de cette grande entreprise. Le chef militaire avec lequel il fut mis en rapport était le major Diepenbroik, à Dillenbourg. Mais Napoléon venait en peu de jours d’anéantir la puissance de l’Autriche ; et tous les plans de ses ennemis furent dès lors renversés. En 1813, le sort de la maison d’Orange prenant une tournure favorable, Arnoldi retourna dans sa ville natale avec les troupes russes, et ensuite à Dillenbourg, où, après le départ des autorités françaises, il prit la direction des affaires. En 1814, devenu par ancienneté conseiller intime titulaire,